Ce qui frappe en premier dans les sculptures de Johan Creten, c’est la matière. Elles sont grandes et imposantes, mais elles sont travaillées de telle manière que tous les plis qu’elles recèlent accouchent de formes organiques et palpitantes. Les boursouflures cachent des essaims de formes et de manières. Il y a un devant et un derrière, une face visible et une face sombre. Il faut appréhender le tout sans omettre d’aller regarder dans les détails.
La première impression est donc violente. La masse s’impose à nous. Elle nous toise et nous écrase par son poids. Le premier coup d’œil est impressionnant, mais l’examen attentif révèle ses pépites cachées.
A la manière d’un conglomérat les acteurs des saynètes proposées viennent prendre vie comme éléments moteurs. Il suffit d’imaginer les pieux des mytiliculteurs avec leurs grappes de moules pour comprendre la structure des pièces de Johan Creten.
Autour de l’axe vertical un amas de coques et de carapaces s’agglutine. Ce fourmillement est luisant comme un mollusque et brillant comme la peau d’un scarabée. Les dorures et les effets de couleurs attisent la chaleur. Noir charbon ou rouge comme la cendre, il y a un impact tellurique. Fruit de la terre et du feu, les formes, même figées, se transforment sous nos regards.
Mais le registre du sculpteur est plus étendu que cela. Ses animaux jouent une autre partition. Entre chat et écureuil, ces bêtes bienveillantes, dressées sur leurs pattes, nous dominent. Leur aspect est lisse. La peau est patinée de verre comme les sculptures des villes qui le sont par le temps et les intempéries.
Cette dégoulinure est désarmante. La matière, encore une fois, se manifeste. Ces petits ruisseaux, ces petites larmes viennent circonscrire le ventre de ces bêtes chimériques et pourtant si proches. Le monde de l’enfance et des contes n’est pas loin. Alice non plus d’ailleurs. On se croirait au Pays des merveilles. La communication avec eux semble possible.
Liste des œuvres
Johan Creten
— Johan Creten, Le Berceau (De Bakermat), 2009-2010. Bronze patiné et partiellement doré, fonte à la cire
perdue. 245 x 70 x 90 cm
— Johan Creten, The Collectors, 2008-2009. Grès émaillé (Production au European Ceramic Work
center, Pays-Bas). 200 x 60 x 85 cm
— Johan Creten, Le Rocher, 2009-2010. Bronze à la cire perdue, bronze soudé avec système mécanique, élément en bronze patiné et doré. 263 x 72 x 72 cm
— Johan Creten, Génie, 2009/2010. Bonze patiné, fonte à la cire perdue. 212 x 69 x 48 cm
— Johan Creten, I am a good horse on a soft Brick, 2004/2008. Bronze à patine multi-couleurs, fonte à la cire perdue. 187 x 64 x 48 cm
— Johan Creten, Neurose, 2009. Bronze patiné et doré à l’or fin. 38,5 x 30 x 28 cm
— Johan Creten, Un Jardin Hollandais, 2009. Grès émaillé, émaux lustrés (Production au European Ceramic Work center, Pays-Bas). 81 x 65 x 20 cm
— Johan Creten, Les Fougères, 2008. Grès émaillé, émaux lustrés (Production au European Ceramic Work center, Pays-Bas). 100 x 72 x 20 cm
— Johan Creten, Continent Obscur, 2008. Grès émaillé, émaux lustrés.100 x 65 x 45 cm