Introduites par une meneuse de revues aux allures d’ étrange poupée japonaise, 9 personnes arrivent tranquillement sur scène. Chacun se défait de son manteau, pose ses affaires, déménage chaises et tables et se place, dans un décor révélant le fond noir du théâtre. Ainsi, la danse peut commencer.
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Mêlant les interprètes de la compagnie à des danseurs-acteurs du territoire bagnolais, cette création rassemblent différentes danses, qui sont autant de trajectoires individuelles et d’histoires quotidiennes.
Louis (80 ans) et Anne-Marie (60 ans) forment un couple de danse de salon comme il en existe tant ; Laeticia, une petite fille tchadienne âgée de 6 ans, et Habiba, une jeune femme marocaine, nous font partager par la danse leur culture africaine ; plus loin, Salomé (15 ans) et Séverine (danseuse de la compagnie) rappellent les exigences de la posture académique.
Chaque tableau crée de nouvelles retrouvailles. Tandis que la danse se poursuit, certains mangent, boivent, s’embrassent, rient, s’interrogent, communiquent entre eux. La pièce est animée par le personnage atypique d’Olga qui se transforme tantôt en européenne africanisée, tantôt en marionnette asiatique et s’isole parfois en marge de la scène, nous faisant presque oublier sa présence, pourtant si forte l’instant précédent.
Ça et là , de petits groupes se forment. Au milieu de la piste, des danses se partagent, s’expérimentent en duo ou en groupe. Les mouvements sont guidés par une musique enrichie de paroles. De multiples conversations s’entremêlent au langage du corps, s’inscrivant ainsi dans l’espace, et racontent des histoires, des émotions vécues.
S’édifient alors des enchaînements chorégraphiques plus ou moins complexes, aux styles variant selon chaque culture. Dans les danses d’Afrique, le corps saute et ondule, les pieds s’enracinent dans le sol, les hanches sont volubiles. Les danseurs improvisent en combinant à leur façon des unités codifiées. Dans le solo de Séverine, la liberté s’ajuste aux respects des règles. Chaque danse cherche à dégager un sens universel, un tronc commun à partir duquel se différencient leurs propres cultures.
Ainsi, danses cubaines, marocaines, africaines, contact-improvisation, modern-jazz, valse musette et tango argentin se côtoient pour créer un seul corps commun aux silhouettes contemporaines. Face au public, une ligne prend forme, unissant la singularité de toutes ces danses. Les regards défient ceux des spectateurs. Les danseurs se scrutent, pointent du doigt leur voisin, se jaugent dans leurs point communs et leurs différences ?
Les danseurs s’imitent, rendant compte du caractère spontané du mouvement. Cette captation de l’autre fait régner un climat ludique, un plaisir perceptible.
La répétition entraîne entre les danseurs un jeu de réciprocité où chacun se différencie. Imité et être imité, voir et être vu, cette pratique se fonde sur une impulsion d’échange entre donner et recevoir. L’individualité s’exprime dans l’énonciation d’un style, marqué par son histoire. La danse devient un langage dans lequel chacun peut exprimer sa singularité à travers un code collectif.
Des danses traditionnelles à la break dance, des déhanchements de la salsa à la danse orientale, pas et figures favorisent la libération, suscitent l’expression et la légitime. Démonstration d’une joie de vivre, cette invitation à danser touche le public en plein cœur.
Horaire : 20h30, 17h
Durée : 1h
— Conception / Chorégraphie : Dominique Rebaud
— Interprétation : Compagnie Camargo (Séverine Adamy, Antoine Kouadio, David Mathor, Olga Plaza) et Louis Bellatrouss, Salomé Belili, Habiba Bouinou, Benjamin Desré, Laetitia Doguy, Anne-Marie Noslier.
— Musique : Claude Barthélémy
— Scénographie : Arnaud Sauer
— Philosophie : Guillaume le Blanc et Elsa MoulineauÂ