Le Frac Franche-Comté a adopté une approche pluridisciplinaire, mêlant photographie, sculpture et chorégraphie, pour rendre accessible à tous cette réflexion éminemment moderne, à l’heure où nous tâchons de vivre dans un monde sans contact physique, dans un temps ouaté, rythmé par des contraintes externes qui échappent à notre prise.
Danser sur un volcan, infraction aux lois physiques
Au fil de son histoire, la danse classique s’est progressivement libérée de la pesanteur, elle a vu apparaître les pointes, tendant à de plus en plus de légèreté, de hauteur, puis la chute est devenue un objet chorégraphique, reprise par l’art contemporain comme symbole d’effondrement et de liberté, d’élévation et de suspension. Il y eut un temps pour les danses de groupe, magnifiant le collectif, et un autre pour les danses de couple, danses « avec » l’autre.
Avec les Contact improvisations de Steve Paxton, la danse devient le point de contact avec et contre l’autre. Les danseurs sont les uns pour les autres des obstacles et des appuis, des sources d’énergie et des achoppements avec la réalité physique du monde. «Le point de concentration fondamental pour les danseurs est de rester en contact physique ; s’offrant mutuellement des appuis, innovant, ils méditent sur les lois physiques liées à leurs masses : la gravité, l’impulsion, l’inertie et la friction ».
Donner à leur chute la grâce d’un vol…
Et pourtant, dans l’actuelle période de crise, se pose la question de savoir comment vivre dans un monde sans contact ? L’exposition « Danser sur un volcan » apporte une réponse : la chute. Entre maîtrise et abandon, entre le vertige et la peur du vide, entre équilibre et déséquilibre, la chute exprime le paradoxe d’une époque qui continue, face à l’explosion imminente, de danser.
De nombreux artistes de tous horizons illustrent à leur manière la chute en tant qu’expression de l’époque. Parmi eux, Denis Darzacq fige l’improbable instantanéité des danseurs de hip hop ; Agnès Geoffray joue avec la gémellité de corps en apesanteur, dans l’espace invisible et magique du miroir, du reflet, de ce qu’on voit sans pouvoir le toucher ; Micha Laury, dans sa performance Slow Exchange Intoxication, met en scène deux personnes qui s’échangent leur souffle, tout aussi intangible et invisible, jusqu’à perdre connaissance… Avec eux, une quarantaine d’artistes de toutes traditions et de toutes nationalités expriment la beauté de la chute.
Exposition conçue par Florent Maubert & Sylvie Zavatta