Daniel Dobbels
Danser, de peur…
— Chorégraphie : Daniel Dobbels
— Date de création : 2009. Commande de la 15e Biennale nationale de danse en Val-de-Marne
— Musique : Gérard Pesson (Fureur contre informe (violon, alto, violoncelle), La lumière n’a pas de bras pour nous porter (piano solo), Bruissant/divisé (violon, violoncelle), La Vità è come l’albero di Natale), Anton Bruckner / 7ème symphonie adagio (piano solo), Presque puzzle (création mondiale : Gérard Pesson (commande de la compagnie de l’Entre-Deux)
— Lumières : Boris Molinié
— Danseurs : Aurélie Berland, Carole Quettier, Anne-Sophie Lancelin, Raphaël Soleilhavoup
— Musiciens : L’Ensemble 2e2m sous la direction de Pierre Roullier (Véronique Briel-piano, Eric Crambes-violon, Claire Merlet-alto, Frédéric Baldassare-violoncelle)
La pièce est présentée dans le cadre de la 15è Biennale nationale de danse en Val-de-Marne
« À quelle condition danser (composer, écrire, peindre…) quand le moindre des énoncés politiques humilie par sa vulgarité, sa brutalité, son schématisme ou son cynisme avéré ? Comment un corps dansant, hanté par la nécessité de l’espacement, en reçoit-il le caractère blessant, en déplace-t-il les versions traumatisantes, en dénoue-t-il les fixités et les effets paralysants ou affolants ? Quels sont ses recours et ses passes pour ne pas céder sous le coup, le choc, la honte et créer une ligne de fuite qui ne soit pas elle-même piégée d’avance ? Comment peut-il éviter ou refuser de tomber dans la pure dénonciation (si juste et justifiée soit-elle), pressentant sans fin que par cette voie il ne fait que redoubler (théâtralement ou pas) ce génie de la violence propre à l’Histoire ?
Mais comment aussi, quand l’humiliation se généralise si facilement, ne pas rendre tangible le degré (l’intensité) d’un refus inaliénable ? Comment ne pas tenter de nouveau de dégager de sa gaine ce corps d’impasse qu’inventent sans relâche l’économie et la politique contemporaines, de façon diffuse et écrasante, ne serait-ce qu’en retraçant les marges que la danse déplace hors des jours qui lui sont comptés ? Marges étroites : la danse y décèle des respirations inimaginables… au-delà de toute nausée… fût-elle » supérieure « , ourlée par le plus bas des mouvements”. (Daniel Dobbels )
Daniel Dobbels
Né en 1947, Daniel Dobbels suit une formation littéraire qui le conduit sans paradoxe à la pratique du mime et de la danse contemporaine. Il danse d’abord pour Susan Buirge, Christine Gérard puis crée ses propres chorégraphies au sein de la compagnie Arcor ou en collaboration avec d’autres chorégraphes (François Verret, Christine Gérard, Maïté Fossen).
En 2000, il crée la compagnie de l’Entre-Deux. Il remonte d’abord des pièces anciennes comme She Never Stumbles, L’Enfer ou Est-ce-que ce qui est loin s’éloigne de l’être humain ?. Il crée ensuite D’un jour à l’autre (2000-2003), Ni/Et (2005), L’insensible Déchirure (2006), L’Epanchement d’Echo (2007) et Solitaires (2008).
Parallèlement à son activité de chorégraphe, Daniel Dobbels est conférencier et critique d’art. Il crée la revue Empreintes, revue pour la danse en 1977, entre au comité de rédaction de la revue Lignes (1987-1999), est critique d’art pour Libération (1982-1992), chroniqueur pour les émissions Panorama (1987-1997) et Tout arrive (2003-2007) sur France Culture.
Il publie également de nombreux ouvrages sur l’art et la danse comme récemment Le silence des mimes blancs (2006), Des Gestes non mortels (2006) et Un Art indécomposable (2007).