Le Théâtre de la Bastille met la danse à l’honneur pour la troisième année consécutive, dans le cadre d’une programmation élaborée avec l’Atelier de Paris, Centre de développement chorégraphique national. Les cinq spectacles de la sélection « Danse au Théâtre de la Bastille » permettent de découvrir la diversité des créations en danse contemporaine, même lorsqu’ils abordent des thématiques similaires.
« Danse au Théâtre de la Bastille » : connexion et déconnexion du langage et du mouvement
« Pour nous, une des missions de l’art est de parler de ce dont on n’arrive pas à parler », expliquent les danseurs et chorégraphes portugais Sofia Dias et VÃtor Roriz au sujet de leur spectacle Ce qui n’a pas lieu. Ils cherchent à sonder la faillite du discours, que ce soit devant l’extrême beauté, ou bien devant l’extrême violence. Sur un plateau dépouillé, le duo de danseurs mêle ainsi le mouvement et la parole, mais en jouant sur leur déconnexion et leur dissociation : ils apparaissent en décalage l’un par rapport à l’autre, ou bien se contredisent.
Les spectacles Maps et Stereo chorégraphiés par Liz Santoro et Pierre Godard traitent également des liens entre mouvement et langage. Inspiré d’un article de la revue Nature, expliquant que nous disposons tous de cartes sémantiques dans le cerveau, Maps explore ce déploiement du langage dans l’espace. Il est matérialisé sur scène par différentes zones sur lesquelles se meuvent six danseurs, en fonction de la projection aléatoire de mots.
Le solo Stereo se fonde, quant à lui, originellement sur une vidéo montrant Liz Santoro en train de discuter des mouvements de danse sur lesquels elle travaille. Ce mélange de discours et de gestuelle, qui appuie et accompagne la parole et les pas de danse, a intrigué les deux chorégraphes. La danseuse Liz Santoro fait ainsi de cette matière para-linguistique accidentelle une matière chorégraphique.
« Danse au Théâtre de la Bastille » : retour aux origines ancestrales de la danse
Dans le spectacle A l’ouest, la chorégraphe Olivia Granville interroge sa pratique de la danse à l’aune des rassemblements sociaux et spirituels que représentent les danses de pow-wow dans les réserves indiennes d’Amérique du Nord. Sur scène, cinq danseuses entrent dans une transe ancestrale autour d’une structure métallique en forme d’igloo. Le spectacle oscille entre réflexion sur l’appropriation culturelle et sur la place de la danse dans nos sociétés.
Madeleine Fournier revient, quant à elle, aux sources de nombreuses danses traditionnelles en centrant son spectacle Labourer sur le fameux pas de bourrée. Elle puise alors dans des gestes ancestraux qui rappellent à la fois ceux du travail de la terre et ceux de l’accouchement. A travers l’exploration chorégraphique du pas de danse, l’interprète renoue ainsi avec l’essence de la vie.