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Dannielle Tegeder

PGalerie Triple V
@12 Jan 2008

Les toiles et les sculptures de Dannielle Tedeger font dériver, de façon ludique et artistiques les codes formels des urbanistes, architectes et ingénieurs. Une œuvre entre figuration et abstraction, réel et imaginaire.

Depuis plusieurs années Danielle Tedeger figure des coupes et des plans de villes souterraines imaginaires en s’inspirant directement des nomenclatures en vigueur dans les secteurs de l’urbanisme et du bâtiment. A la galerie Xippas, elle ajoute pour la première fois des sculptures qui développent en surface et en volume ces cités utopiques.

Les formes des tableaux évoquent les lignes électriques, les canalisations et les transports ainsi que les nœuds des divers réseaux de circulation d’énergie, de télécommunications et de personnes dans les sous-sols imaginaires.
Chaque toile propose une unité de teinte (l’une décline les rouges, une autre les verts), tout en diversifiant les traits (pointillés, lignes pleines, etc.) et les formes géométriques. La technique employée mêlant paillettes, encre, gouache, feutre ou crayon produit des effets de volume, tandis que la peinture de la tranche des toiles crée des effets de stratigraphie des souterrains d’une ville en coupe.

L’utilisation du lexique graphique des urbanistes et géomètres sert de principe d’abstraction à ces œuvres dont la facture schématique peut évoquer celles de Mondrian, Kandinsky ou les peintres du Bauhaus qui, au début du XXe siècle, ont inventé le langage d’une abstraction géométrique aux couleurs et formes simples. Langage qui n’est, ici, pas créé de toute pièce, mais dérivé d’une nomenclature préexistante, artistiquement réinvestie.

Plus encore, Danielle Tedeger renoue avec une architecture utopiste, celle qui va de Claude Nicolas Ledoux au XVIIIe, au fonctionnalisme de Le Corbusier. On retrouve ici de semblables conceptions de l’architecture et de l’urbanisme, à vocation universelle et à portée symbolique, empreintes de fonctionnalisme.

Cette orientation s’exprime également dans des titres inhabituellement longs et dénotatifs : Centre de réseau de transport mondial, Station Continents : Chrysalides Triangulaire Asiatique ; Grille Européenne Mondiale ; ligne Carré Latino-Américaine ; Ferry Avec Manufactures de Parfum et Océans Châtains ; Société d’avancement Economique d’Oiseau ; Banque Mondiale et Bouilloire d’Amour Dot ; avec chemins de fer ; Ferry, Lignes Aériennes ; Autoroute et Réseaux de Navigation.
En dépit de leur caractère hyperbolique, ces titres sonnent comme des légendes de cartes et de plans professionnels. Ils renforcent ainsi la dimension de «projets» architecturaux des œuvres, déjà présente dans leurs formes et structures évoquant des schémas urbains.

Les sculptures sont plus clairement encore inscrites dans la tradition architecturale fonctionnaliste et utopiste, autant par leurs volumes de formes géométriques simples que par leurs titres-légendes qui désignent fonctions ou types d’utilisateurs.

Entre la représentation graphique en coupe de villes et les légendes-titres, Danielle Tedeger construit, au-delà de toute contrainte pratique, une œuvre aux dimensions utopiques, oniriques et ludiques. Un parcours dans un monde imaginaire.

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