L’exposition « Daniel Spoerri » à la galerie Anne Barrault rassemble des œuvres réalisées par le plasticien suisse au cours des trente dernières années. Ces créations aux techniques mixtes mêlant peinture, collage, mosaïque, dessin et objets des plus divers attestent du rôle majeur joué par Daniel Spoerri dans l’art moderne et contemporain.
Les œuvres de Daniel Spoerri ébranlent l’ordre établi
L’exposition dévoile des œuvres qui n’ont encore jamais été montrées en France. Elle intervient quarante ans après l’exposition qui inaugurait le Centre Pompidou avec l’installation de Jean Tinguely, le Crocrodrome de Zig & Puce, au sein duquel Daniel Spoerri était invité à présenter pour la première fois Le Musée Sentimental et La boutique aberrante. En regroupant des productions des trente dernières années, l’exposition permet de mesurer l’influence considérable de Daniel Spoerri sur de nombreux courants artistiques tels que le pop art, fluxus, le néo dada, et celle qu’il continue à avoir aujourd’hui.
Les Å“uvres de Daniel Spoerri s’inscrivent, à la suite du mouvement dadaïste et de Marcel Duchamp, dans une volonté d’ébranler les normes, les idées et croyances préconçues, l’ordre établi et la hiérarchie des valeurs. Pour le plasticien suisse, l’art est dans tout et tout peut devenir une Å“uvre d’art. La vie quotidienne et l’art se confondent. Dans cette optique, des objets trouvés et usuels forment le matériau principal de ses créations. Ainsi une Å“uvre sans titre réalisée en 2012 réunit-elle sur un support rond couvert d’une mosaïque grise semblable à une dessus de table tout le nécessaire d’une collation qui vient de se dérouler : assiette à dessert, tasse et soucoupes salles, restes de biscuits apéritifs, verres, cafetière, bouteille de vin, bouquet dans un vase, pipe et lunettes…
Pour Daniel Spoerri, l’art est dans tout
Une œuvre appartenant à la série Rage des tableaux, réalisée en 2015, forme une mosaïque d’images encadrées relevant de registres complètement différents. Elle fait cohabiter une photographie de mariés en noir et blanc avec une représentation d’oiseau en coquillage, une image en canevas des plus classiques, une reproduction d’un tableau de Salvador Dali, une image sainte ou encore un dessin d’enfant. Ainsi s’opère sous la main de Daniel Spoerri le renversement des système de valeurs, remettant en question le statut même d’œuvre d’art.