C’est un salon avec canapé, home-cinema et décorations murales qu’a créé Daniel Pflumm dans l’alcôve du Palais de Tokyo.
A ce salon s’ajoute, au fond, alcôve dans l’alcôve, un comptoir qui permet d’acheter des T-shirts et des compacts disques de l’artiste. Produits également en vente à la boutique du Palais de Tokyo et exposés dans le catalogue de l’exposition dont la préface débute par un « Bienvenue dans la brochure publicitaire de l’entreprise Daniel Pflumm ».
Voilà une collision claire du commercial et de l’artistique, du marchand et du réputé non-marchand. Car il ne s’agit évidemment pas d’être dupe du caractère éminemment commercial de l’œuvre d’art ni, et c’est plus réjouissant, du côté esthétique de certaines entreprises de séduction commerciale et publicitaire. C’est cela que travaille l’artiste-phare de la scène berlinoise dont nombre de ses collègues sont présents dans Playlist, preuve de la vivacité artistique de la capitale allemande.
Toute l’installation de Daniel Pflumm illustre alors cette posture entre art et commerce.
Les décorations murales, tout d’abord. Quatre logos de grandes firmes, dont ceux de Panasonic et de Swissair, sont mis sous verre. Les marques ont été effacées, seuls les graphismes apparaissent. La démarche n’est pas sans rappeler celle de Rivane Neuenschwander (exposée au Palais de Tokyo au printemps 2003), qui effaçait tout signe écrit sur les sacs alimentaires en plastique pour ne conserver que des formes et des couleurs.
Daniel Pflumm (dé)montre les recherches graphiques des bureaux de publicité et de marketing et n’est de fait qu’un passeur plus ou moins subversif. Sa démarche ouverture met en relation différentes pratiques et approches, supposées antagonistes, du monde.
Les films diffusés sont également des reflets plus ou moins décryptés de la réalité : foule de gare, paysages floutés. Autant d’instants quotidiens et d’images banales.
D’où vient alors que l’on éprouve un certain malaise face à cette présentation ? Peut-être du fait que le geste artistique de Daniel Pflumm est finalement trop proche de ce qu’il entend dénoncer, s’il y a toutefois dénonciation. Et si ses produits étaient gratuits ?