Daniel Perrier
Daniel Perrier
« Depuis quelques années mes recherches tentent de croiser principalement des registres sémiotiques de diverses origines culturelles et géographiques et dans lesquels j’ai tenter de faire émerger un regard sûr, un regard avec tout en m’inscrivant de manière amateur dans une pensée humaniste. Les signes qui nous représentent, les langages qui nous identifient, les attitudes et gestes qui nous caractérisent sont les lieux communs de mon travail.
Certains trouvent leur origine dans des formes ancestrales et populaires (disons des Inuit du Groenland et de l’Alaska, des indiens Hoppis du Colorado en passant par la culture Manga du Japon pour revenir aux micro-récits produient dans mon quartier) et plus généralement partout où il m’est donné de résider ou de promener ma curiosité, en envisageant ces territoires comme le lieu d’émergence d’autres points de vues, d’autres projets.
L’atelier revêt pour moi une dimension fondamentale dans ma relation à la recherche. Il est le lieu où se gèrent des nouveaux domaines, où se pensent de futures ruines. Un atelier de la lorgnette plus que du général, du focus plus que du panoramique… Considérer le hors-champ qu’il crée comme un probable, le borgne comme une chance, la libre-vision comme un raffinement, la libre-pensée et le libre-arbitre comme une urgence, le point de vue comme une hauteur.
Les récits de tout ordre ont longtemps été pour moi des énigmes. C’est sans doute par le biais du cinéma que j’ai compris ce qui faisait récit plus que fiction, narration plus que texte. Murnau, Flaherty, Eisenstein, Bresson, Pasolini, Godard, Cavalier, Kurozawa et quelques autres m’ont apprit à lire. Thoreau, Jarry, Beckett, Borges, Miller, Kawabata et quelques autres m’ont apprit à voir. Les avatars, eux, je les rencontre dans des lectures de récits anthropologiques tout autant que dans les faits divers de société.
En soit, la notion du “cosmopolite” telle qu’elle est véhiculée ne me passionne pas. Elle est entachée d’a priori et nous dit bien peu sur la nature réelle de notre mouvement, de notre nomadisme, aussi moderne fussent-ils. S’il y a dans mon travail une part dédié à cette notion, il s’agit sans doute d’un cosmopolitisme d’étude propice à me distraire d’une partie encombrante de ma nature occidentale et de ses référants.
Ecrire sans but avéré mais non sans un projet. Ecrire avec. Ecrire sûr. Noter, annoter pour penser, pour jouer. Mots, allitérations, borborygmes, lapsus, injures sont considérés comme des potentiels, des hasards, comme un art. Presse, livres, entretiens, conversations d’amis, échanges de rues ou de couloirs, tracts et annonces divers, regorgent de signifiants, de sur-signifiants, de formes poétiques lambda et latentes. Je les cherche, les rassemble, les monte, les édite, les représente…»
Daniel Perrier
Artiste
Daniel Perrier
Né en 1960, Daniel Perrier vit à Paris. Artiste, graphiste et producteur de livres, il est enseignant-chercheur à l’Ecole des beaux-arts de Nantes.