Daniel Arsham s’offre un terrain de jeu à la hauteur de ses projets architecturaux. Il transforme la salle principale de la galerie en laboratoire sculptural. Travaillant sur les ruines du futur, il ensevelit le corps de son travail sous des couches de plâtre, comme autant de plis et de drapés.
Le cube blanc éclairé aux néons, baigné de lumière artificielle, se transforme en plateau de théâtre minimaliste. Des rideaux écument le ras du sol, un lustre de plâtre retient dans ses cordes un corps d’homme tombant, plus loin un enfant est pris au piège sous les coups de truelles d’un maçon.
Les sculptures murales et blanches ressemblent aux tableaux lacérés de Luciano Fabro, les drapés se réfèrent autant aux canons antiques qu’à la touche Pop de Roy Lichtenstein. Le corps badigeonné de plâtre suspendu sur le mur, comme pris entre les mailles d’une toile d’araignée, n’est pas sans évoquer les installations de Maurizio Cattelan et d’Erwin Wurm. Les deux artistes s’amusaient à la fin des années 1990 à scotcher aux murs, les galeristes, les commissaires, les critiques d’art qui organisaient leurs expos.
Entre peinture et sculpture, Daniel Arsham ne s’encombre pas de compromis. Il réalise sans encombre, le passage d’une discipline à l’autre. Ses croquis à la gouache sur calque sont là pour appuyer son éclectisme. Travail d’élaboration autant que de réalisation, il ne s’interdit rien et poursuit sa quête du post-humain.
Playground toutefois laisse la place à un univers plus souriant, moins sombre que la précédente exposition. Le caché a toujours la part belle. La reconstruction semble toujours occuper ses pensées, mais le tout se fait sur un autre mode plus amusé. Salle de théâtre blanche, agora zen, ces corps tombants et légers aèrent sa production. L’aérien est à l’honneur, l’icarisme est convoqué.
Les calques, quant à eux, conservent l’esprit et l’atmosphère des précédents travaux. Réalisés en deux exemplaires, ces calques de calques se superposent dans l’espace. Miroir de miroir, ils varient très peu les uns des autres. Même la couleur ne permet pas de les distinguer complètement.
Disposés en pendant, ils semblent réalisés au feutre noir. Ce sont les reflets qui révèlent les tons verts, rouges, violets des dessins. Ces diptyques jouent sur la duperie et la reproduction. Ils demandent de l’attention et un examen minutieux pour comprendre la technique et les motivations de l’artiste.
Les motifs des calques restent fidèles à l’esprit des ruines futures qu’affectionnent Daniel Arsham.
Des piliers, des poteaux sortent de la mer et fendent l’écume de l’océan. Les vagues heurtent ces phares de l’impossible, ces vigies coupent les flots et décapitent les vestiges de l’ancien temps. Hauts fonds et vigies, elles montrent une direction et recouvrent une vérité à leurs pieds. Accrochés en duo, ces quasi-gravures froissent le papier glacé comme les drapés plâtrés descendent sur les murs de la pièce d’à côté. Les dessins noirs sont les échos des sculptures murales, ils voilent plus qu’ils ne dévoilent.
Daniel Arsham
— Chair, 2007. 1890’s mission chair, joint compound, plywood, EPS foam, plaster gauze, paint.140 x 127 x 81 cm – 55 x 50 x 32 inches
— Sheet, 2007. EPS, Plastique, Peinture, Fabric, Rubber.
183 x 122 x 15 cm – 72 x 48 x 6 inches
— Shelf, 2007. Joint compound, plywood, EPS foam, plaster gauze, paint.
13 x 120 x 51 cm – 5 x 47 x 20 inches
View of the exhibition « Guild » with Dennis Palazzolo’s sculpture « No Plan Must Be Fail », Galerie Emmanuel Perrotin, Miami, 2007.
— Merce Cunningham: Dancing on the Cutting Edge Part II, 2007. View of the exhibition « Merce Cunningham: Dancing on the Cutting Edge Part II » at MOCA Goldman, Miami, 2007.
— Untitled (Column D), 2007. EPS, Cement.
243,8 cm high + 121,9 cm high – 8 feet high + 4 feet high
— The Return #14, 2006. Gouache sur papier calque, encadrement.
86,5 x 112 cm – 34 x 44 inches
— The Return #1, 2005. Gouache sur papier calque, encadrement.
76 x 102 cm – 30 x 40 inches