ART | EXPO

Dani Umpi

11 Oct - 08 Nov 2014
Vernissage le 11 Oct 2014

Plasticien, musicien, performer et écrivain, l’artiste uruguayen Dani Umpi échappe à toute définition. Il va chercher sa matière première dans les médias. Ainsi, des discours lus sur les réseaux sociaux trouvent de nouvelles configurations plastiques sur ses toiles, dans des collages confectionnés avec des lettres de couleur découpées dans la presse écrite.

Dani Umpi
Dani Umpi

L’œuvre de Dani Umpi, artiste éclectique uruguayen, échappe à toute définition. Cela est dû, pour partie, au fait que Dani Umpi incarne plusieurs artistes en un: il travaille comme plasticien, musicien, performer et écrivain. Bien connu en Uruguay, en Argentine et au Brésil, il a d’ailleurs la singularité de préserver chaque mode de création dans son propre domaine de production et de diffusion.

Evidemment, des dialogues surgissent entre ses créations, car même si elles sont composées dans des langages divers, elles sont façonnées par la même personne. En effet, dans cette première exposition individuelle de l’artiste à Paris, il présente des œuvres sculpturales issues du monde du spectacle, conçues en tant qu’architectures vivantes servant à la vitalité corporelle et nommées «Parangolés» en hommage aux vêtements-objets de Hélio Oiticica, l’un des principaux représentants du Néoconcrétisme brésilien.

Inspiré par l’ironie du pop, l’esthétique kitsch et par une identification philosophique avec le mouvement camp, Dani Umpi explore les décombres matériels et sensibles de la quotidienneté urbaine pour ensuite se détourner d’eux et les contempler comme à travers le viseur d’un kaléidoscope. Envahi par l’inépuisable spectre de tonalités et de textures qui inondent le paysage hypercapitaliste et médiatique du XXIème siècle, Dani Umpi recouvre sa logique pluriréaliste, dans laquelle diverses versions d’un même événement ou objet se relativisent réciproquement, en superposant des couches successives de matière et d’information.

Ce tourbillon médiatique, issu du vécu quotidien, est la matière première de Dani Umpi: l’artiste s’empare simultanément du vecteur et du support médiatique, de ses contenus et de ses stratégies de communication. Ainsi, des discours lus sur les réseaux sociaux trouvent de nouvelles configurations plastiques dans des collages confectionnés de façon artisanale en découpant des lettres et des champs de couleur issus de magazines et d’autres supports de la presse écrite. Si la source virtuelle ou écrite se caractérise par son existence éphémère et par sa diffusion instantanée, les compositions plastiques de Dani Umpi sont créées à partir d’un processus soigné de sélection, d’agencement et de construction.

Son élan artisanal et méthodique reflète un désir de démembrer et de reconstruire la matière qui donne du sens à notre expérience quotidienne et collective du vécu. A l’abri du sarcasme, mais empli d’ironie, d’humour et d’auto-dérision, Dani Umpi entretient une tension entre l’ambiguïté et l’incertain: à travers un mouvement continu d’aller-retour, il met en évidence la contradiction inhérente à tout échange, principalement lorsque les dialogues surgissent dans la sphère publique. A partir de la confrontation entre les stars de la pop et les déclarations démagogiques des hommes politiques (Miley Cyrus et Sinéad O’Connor; François Hollande et son ex-femme Valérie Trierweiler), Dani Umpi ajoute aussi, cette fois-ci, des entrevues épistolaires d’intellectuels et de scientifiques des temps passés (Galileo et le Pape au Tribunal de l’Inquisition de Rome; Fidel Castro et Sekou Touré, premier Président de Guinée; Magritte et Foucault, etc.), toujours avec l’intention de souligner l’agglomération et la synthèse de l’information à l’aide du collage.

Qui parle? A qui s’adresse t-il? Et dans quel contexte? Qui a raison? Dans l’œuvre Caras, une multitude de visages retournés, en chute, couvrent mutuellement leurs bouches. Ce sont des portraits de personnalités interviewées, de journalistes de magazines et de leaders d’opinion.

Le paradoxe est au cœur de l’œuvre de Dani Umpi. Dans ses œuvres, le spectateur-lecteur doit paradoxalement faire un effort de concentration soutenu afin de lire les textes reconstruits; il faut «dé-voiler» chaque mot, chaque figure ou chaque message découpé et caché dans les champs chromatiques, dans les informations ou les publicités, comme s’il s’agissait des franges d’un tapis. Dans ce processus de reconstruction linguistique, surgissent d’autres sources d’information qui s’ajoutent au sauvetage du rebut, favorisant ainsi la formation de diverses couches de signification intrinsèques au «tableau».

Veronica Cordeiro

Dani Umpi est né à Tacuarembo, Uruguay, en 1974. Il vit et travaille à Montevideo, Uruguay.

AUTRES EVENEMENTS ART