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Dance Is a Weapon

C’est au tournant des années trente, dans un climat politique critique, que se forme au sein du cours de danse moderne de Mary Wigman à New York le New Dance Group. Cette troupe de jeunes filles (d’origine juive et d’idéologie communiste pour la plupart) affirme en février 1932 que « la danse est une arme », lors d’une création donnée en hommage à un jeune militant communiste tué dans une manifestation gréviste. Le New Dance Group s’inscrit dans la lignée idéologique de la Workers Cultural Federation qui, dès 1931, tente d’utiliser la culture pour former les ouvriers à la lutte des classes révolutionnaire.

L’exposition du Centre national de la danse retrace, à travers un double parcours chronologique et thématique, l’engagement artistique et politique du New Dance Group, ainsi que les différentes initiatives des corporations artistiques américaines nées de cette dynamique. L’histoire du mouvement est racontée,  de son contexte de création — crise  économique de 1929 — à l’année 1955, date à laquelle le New Dance Group s’institutionnalise et entre officiellement dans le système capitaliste en achetant un immeuble pour son école.

Sous l’impulsion du New Dance Group, la danse militante américaine est devenue un moyen privilégié d’exprimer les principes marxistes, matérialisant une nouvelle façon de penser, une nouvelle façon de bouger, une nouvelle façon d’agir. Cet actionnisme a pu se transmettre non seulement à travers des créations chorégraphiques abordant des thématiques socio-politiques contemporaines, comme la lutte des classes, la pauvreté, le chômage, le pacifisme, le racisme ou encore le fascisme, mais aussi à travers une volonté éducative, engagée auprès des ouvriers et des enfants auxquels furent proposés des ateliers de danse.

Ainsi, l’exposition « Dance Is a Weapon » nous permet de comprendre comment une démarche politisée a pu s’installer dans une forme artistique, des rues de New-York à la scène de Broadway. Outre le parcours historique qui témoigne d’une recherche approfondie sur la question d’un art vivant militant et résistant, le second parcours restitue la construction des thèmes puisés dans les danses populaires et primitives, fusionnant les genres et les origines, de la farce à la poésie. Cette section nous rappelle surtout la capacité d’un corps à exprimer des sentiments universels, à incarner une idée, à s’investir d’un rôle.
Pour compléter cette double lecture, une programmation de colloques, débats et vidéos est proposée au public durant toute la durée de l’exposition.
 
« Dance Is a Weapon » est un sujet remarquablement construit par son commissaire Claire Roussier ; cependant, les supports manquent d’envergure et l’on regrette l’absence physique des quelques superbes clichés de danse de Barbara Morgan — pour certains devenus légendaires — qui nous sont proposés sous forme de fac-similés.
Bien des choses nous traversent au sortir du Cnd, un constat sur l’engagement de la création contemporaine et l’espoir d’un front culturel qui résisterait malgré tout.

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