Quand le travail du verre cherche à dépasser ses propres limites, cela peut donner quelque chose comme l’exposition « Le Verre en mouvement ». Réunissant les Å“uvres d’une quinzaine d’artistes internationaux, le MusVerre (à Sars-Poteries) propose ainsi une collision entre verre et cinétisme. Si la fibre optique (en verre ou plastique) est synonyme d’ultra-rapidité, voire de déplacement à la vitesse de la lumière (donnée pour indépassable), pour autant le matériau verre n’inspire pas toujours le mouvement. Perçu comme fragile et statique, il penche alors vers le contemplatif. À l’opposé de cet a priori, certains artistes travaillent néanmoins le verre dans le sens du cinétisme et de l’impression de mouvement. Du transport de la lumière à l’intérieur du verre, au travail du matériau en lui-même, pour lui donner élan, dynamique et durée. À l’instar des pièces de l’artiste allemande Josepha Gasch-Muche, transformant le verre en une sorte de fourrure.
« Le Verre en mouvement » : un cinétisme au prisme de seize artistes et designers
Matériau solide, avec Josepha Gasch-Muche le verre change presque de catégorie pour rejoindre celle des fluides. Le travaillant par agencements de lamelles ultrafines, Josepha Gasch-Muche compose ainsi des pièces aux accents de givre, de glace, de fourrure cristallisée. Assemblage de multiples fragments, chaque micro-feuille, avec sa découpe irrégulière, renvoie la lumière suivant son orientation. Comme une épaisse tonsure de verre. Et si c’est à la faveur d’un glissement de traduction que la pantoufle de vair (écureuil) de Cendrillon s’est métamorphosée en pantoufle de verre, les pièces de Josepha Gasch-Muche relèvent le défi d’une fourrure de verre. Avec des jeux de lumières aussi inédits que fluides ; presque cotonneux, comme les nuages et leurs cristaux de glace en suspension. Autre virtuose de l’exposition « Le Verre en mouvement », l’artiste danoise Maria Bang Espersen. Avec ses œuvres, le verre prend presque des allures de pâtes de sucre étirée.
Maria Bang Espersen, Tony Cragg, Dan Graham… : le verre bouge au MusVerre
Travaillant le verre par l’effilement, les pièces de Maria Bang Espersen oscillent elles aussi entre solide et fluide. Comme dans les confiseries où le malaxage du caramel fait naître de grands fils brillants, à la mollesse cristallisée. Et cultivant le soyeux du verre, certaines pièces de Maria Bang Espersen vont même jusqu’à s’apparenter à de fines chevelures savamment coiffées. Tandis que d’autres, également fibreuses, tendent vers le tissu. Avec un verre se comportant plutôt comme du feutre (dans le drapé, le tombé). Explorant le potentiel du verre comme matériau, l’exposition « Le Verre en mouvement » réserve ainsi quelques étonnements. En présentant également des pièces de Tony Cragg, Jean-Michel Othoniel, Dan Graham… Ou encore de l’artiste chinoise Zheng Wenqing, avec ses installations mobiles et sonores, en fil de verre. Sans oublier l’artiste japonaise Keiko Mukaide, dont les installations génèrent des jeux, minimalistes, de lumières colorées. À savourer au MusVerre, jusqu’en septembre.