Damien Sorrentino Florentz
La démarche de Damien Sorrentino Florentz, « artiste-chercheur », se compose de ramifications diverses et se nourrit de différents champs d’actions, tels que la science, la géopolitique, la cartographie.
L’artiste questionne notre humanité et les territoires qui la traversent. Ses pièces donnent à voir une diversité d’univers et d’imaginaires. Toutes interrogent le vivant, l’humain, dans une période où les certitudes vacillent. L’homme se retrouve face à l’absurde, évoluant dans un monde paradoxal.
A l’occasion de son exposition à la galerie Bertrand Grimont, Damien Sorrentino Florentz propose quelques-unes de ses « balises » ; une vision du monde tel qu’il le perçoit. Il recompose son propre paysage à travers une collecte non exhaustive de prises de vue.
Cet ensemble rhizomique dialogue avec une installation sonore. La pièce Migrator A propose une interprétation visuelle d’un paysage sonore en constante évolution. « Le son est un art temporel et spatial, explique l’artiste. Le son est une matière invisible mais effective sur l’esprit et le corps. Il est un milieu dans le milieu. Mais malgré son immatérialité, il a besoin d’un support pour exister, qu’il soit gazeux, solide, ou liquide, il a besoin de s’incarner, de devenir donc plastique. »
Notre regard est hypnotisé par le flux inépuisable d’une partition numérique et spectrale s’auto-générant à l’infini : l’homme ne contrôle plus les outils de transformation du monde qu’il a créés.
Ses oeuvres mettent en tension des éléments à priori en opposition pour nous dévoiler au final leurs liens plus subtils. Elles cartographient des territoires devenus à la fois « mémoires du passé » et « lieux d’attente ». Le temps est suspendu, comme pour manifester les errances de l’humanité, en témoigne l’image du cimetière. La trace de l’homme demeure pourtant, malgré son absence physique.
Les objets prélevés par l’artiste sont insaisissables de par leur statut ambivalent ; c’est ce travail de l’équivoque qui crée le poétique. L’artiste observe les phénomènes naturels et les confronte à la perception humaine. Ainsi le volume de neige très sculptural de Congères devient relief ; l’image s’incarne, devenant elle-même sculpture. DSF manipule habilement les jeux d’échelle : l’alternance de mondes micros et macros nous ébranle, questionnant notre place au sein de l’univers sous une forme sérieuse entremélée d’humour et de dérision.