La galerie Gagosian-Paris se transforme pour l’occasion de l’exposition de Damien Hirst en pharmacie géante, où se succèdent les étagères remplies de pilules, certaines véritables, d’autres fausses. Le spectateur s’interroge : où s’arrête la foi, où commence la science ? La médecine est-elle plus proche de la vérité que l’art ?
Des «Medicine Cabinets» aux «Cathedrals built on sand»
A l’origine, les «Medicine Cabinets» : depuis 1996, Damien Hirst aligne les emballages pharmaceutiques vides, dans un style inspiré du pop art, pour brouiller la frontière entre l’art et la médecine, entre le soin des âmes et le soin du corps, entre ce qui se consume et ce qui se consomme. Les «Medicine Cabinets» évoluent petit à petit en «Pill Cabinets» : plus gourmands, enfantins, les formes rondes et colorées des pilules, alignées sur de proprettes étagères, donnent envie d’y goûter.
Les pilules sont les lettres de l’alphabet de Damien Hirst, et racontent une histoire au ton tantôt merveilleux, tantôt angoissé. Elles parlent de marchandisation de la médecine, d’uniformisation des corps, de blouses blanches devenues les nouveaux rédempteurs, de la foi à l’heure où l’on peut tout mesurer, sauf le poids des âmes.
Damien Hirst le résume d’une phrase : « Je ne comprends pas pourquoi la plupart des gens croient en la médecine et ne croient pas à l’art, sans jamais les remettre en question ».
La promesse d’une vie meilleure
Mom and Dad sur de l’aluminium peint en rose, Great Dying en noir et blanc, Ashes to Ashes, Dust to Dust, The Emptiness below us, The Plague, en inox noir et nuances de gris, When the heart speaks… Les titres évoquent un univers à mi-chemin entre la Bible et Alice au pays des Merveilles, enchanté et épique, enfantin et profond.
On ne peut s’empêcher d’imaginer, parmi ces milliers de pilules alignées, la pilule du bonheur, la fin des souffrances, la promesse d’une vie où une pilule guérirait tous les maux.