Damien Cabanes
Damien Cabanes
La présente exposition rassemble quelques huiles récentes de Damien Cabanes. Au fond de la galerie, une grande peinture de quatre mètres cinquante de long montre un intérieur d’atelier: celui de l’artiste.
A la suite de nombreux rendez-vous annulés par ses modèles coutumiers, de guerre lasse, Damien Cabanes décide un jour de peindre ce qu’il a sous les yeux: son atelier. Les toiles libres sont là , agrafées au mur presque les unes sur les autres, formant une surprenante composition que l’artiste va prendre comme prétexte à sa peinture. Cette fois, ce ne sont plus les modèles qui posent, mais les tableaux eux-mêmes.
Cette mise en abîme est le sujet de l’exposition. Tout comme Jean-Luc Godard qui, en 1963 dans Le Mépris, met en scène Fritz Lang dans son propre rôle en train de réaliser un film sur Ulysse, ou encore en 1982, dans Passion, raconte l’histoire de la réalisation d’un film lui-même intitulé Passion, Damien Cabanes va rejouer ses oeuvres sur une toile allongée qui n’est pas sans rappeler le format CinémaScope. L’intérêt de l’artiste pour le cinéma d’auteur n’est sans doute pas étranger à cette intuition, format qui évoque aussi celui de la Cène de Leonardo Da Vinci.
Mais l’exposition ne s’arrête pas là . En regard de cette «Cène reconstituée», toutes les toiles «repeintes» qu’elle contient et qui ont servi de modèles ce jour-là , seront exposées à côté d’elle, sur les murs de la galerie. On peut y voir alors une forme de Cabane éclatée à la Buren, dont le geste premier serait en deux dimensions, puis spatialisé.
Ces peintures vont nous appeler, à l’instar du film de Woody Allen La Rose pourpre du Caire, où Jeff Daniels apostrophe depuis le film Mia Farrow dans la salle de cinéma, puis sort de l’écran pour entrer dans le monde réel.
À l’image de cette scène, les oeuvres de Damien Cabanes, elles aussi, nous entraînent de l’univers de la représentation et de l’objet, vers celui, plus poétique, de la rêverie et du voyage immobile.