Cyril Anguelidis

Cyril Anguelidis est tour à tour plasticien graphiste, illustrateur urbain ou peintre numérique. Il puise son inspiration au cœur de la Ville. New-York, Bombay ou Paris, ce qui l’intéresse avant tout c’est l’énergie commune à toutes nos mégalopoles, excessives et exaltantes. Son esthétique — couleurs électriques et formes généreuses — témoigne de leur extravagance. L’intérêt de l’univers de Cyril réside en ce qu’il est à la fois ultra-modernisé et primitif.

Ces images révèlent une dimension brute, exacerbée. Elles sont les chroniques du monde le plus avancé de l’histoire de l’être humain. Donc le plus éloigné des origines. Finalement et de façon ironique, ce monde-là redevient sauvage. Il apparaît comme une jungle urbaine où la loi du plus fort semble régner, sinon le chaos. Il y a quelque chose de tribal chez ses personnages hyper- sophistiqués, aux atours surcodés et incompréhensibles pour celui qui en serait étranger.

Cyril Anguelidis est un primitiviste de l’ère numérique. Son œuvre nous décrit une mondialisation accomplie. Le récit est familier: scénario catastrophe pressenti par Mac Luhan et son village global. Mais aussi rêve, fantasme de la réunion planétaire dans une seule tribu. Une humanité idéalisée où le concept de multiplicité des races, chez nous depuis longtemps désavoué en même temps toujours opérant, n’existe définitivement plus.

On serait tenté de trouver des traces d’exotisme dans ces tableaux. Il n’y en a pas. Ses images viennent d’un monde où l’exotisme est dépassé, puisque l’Autre n’y existe plus. Mais il ne faut pas oublier que ceci est une fiction, peut-être une science-fiction…? Car le mode de vie peint par Cyril ne concerne qu’une élite de la race humaine.