La galerie Alain Le Gaillard présente les œuvres récentes de Lionel Scoccimaro. Le travail de ce jeune artiste que pour la plupart nous avons découvert à la Fiac 2004 avec ses culbutos géants peints à l’aérographe façon réservoir de moto, nous replonge dans les affres des distinctions impossibles entre art populaire et art noble, arts appliqués et beaux-arts.
L’exposition intitulée « Custom » regroupe autour d’une Austin mini entièrement re-customisée pour l’occasion, des peintures à l’aérographe sur dibond « genre » émaux psychédéliques et des images photographiques grand format et gros grain « genre » posters seventies.
La démarche est intuitive, généreuse, pas franchement calculée. L’artiste reconnaît son goût, son intérêt, voire son penchant pour ces pratiques un peu obsessionnelles et marginales propres aux maquettistes du dimanche, aux constructeurs de tour Eiffel en bois d’allumettes, aux architectes de châteaux de sable et autres re-lookeurs de mobylettes ou de planches de surf.
Ces pratiques sont souvent indissociables des modes de vie qui vont avec. Voyageurs fous ou sédentaires incurables, éternels adolescents, insatiables collectionneurs, ils y consacrent en général toute leur vie. C’est cette confusion, on pourrait dire cette fusion, entre l’individu et sa passion qui le trouble. Obsession dévorante qui n’est pas sans parenté avec d’autres causes artistiques prétendument plus nobles.
Lionel Scoccimoro s’y adonne avec délectation, passant de l’une à l’autre avec autant d’application que de plaisir. Il s’épanche ici sur le monde du surf et de la Beach Culture.
Le « décor » est dressé : la voiture collector est surmontée de trois planches de surf. L’habillage des jantes, la sellerie intérieure, la peinture métallisée, la sono, tout a été soigneusement préparé pour un improbable départ vers quelques vagues mythiques.
Au mur, les clichés annoncent le voyage : couchés de soleil, palmiers inclinés, etc. Les stéréotypes s’affichent sans réserve, ni véritable ironie. On ne peut pas non plus parler de simulation, c’est du vécu, pour un temps au moins.
Curieuse appropriation ; cette démarche ne se distingue des pratiques qu’elle cite, ou plutôt qu’elle emprunte, que par sa nature temporaire et transitoire. Pour autant elle n’instaure pas de regard critique sur cette culture populaire qu’elle s’applique simplement à afficher, à revendiquer. Certains y verront la limite de l’œuvre, d’autres sa vertu.
Lionel Scoccimaro :
— Sans titre, 2004. Peinture de carrosserie sur dibond , vernis. 21 x 30 cm .
— Sans titre, 2004. Peinture de carrosserie sur dibond, vernis. 2 x 21 x 30 cm.
— Sans titre, 2004. Peinture de carrosserie sur dibond, vernis. 3 x 15 x 21 cm.
— Pascuales Dark Water Beach Break (Mexico), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 71 x 107 cm.
— Beach Camp (Baja), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 74 x 107 cm.
— Santa Barbara Palm Trees Sunset (California), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 107 x 157 cm.
— Peanut Farm Waiting for Surf (Sri Lanka), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 57 x 82 cm.
— Punta Cabras Surf Camp (Baja), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 57 x 82 cm.
— Custom Made, 2004. Caisson lumineux , 70 x 210 cm.
— Mini Surf car, 2004. Austin Mini 1971, planches de surf, peinture de carrosserie, poste laser, amplificateur, 13 CD, magazines et vêtements. 130 x 310 x 150 cm.
— Bali Barrel in Tubes (Indo), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 117 x 82 cm.
— Impossible Sunset with Woman (Indo) , série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3 contrecollé sur PVC. 77 x 107 cm.
— Bingin Sunset (Indo), série « Surf Trip », 2004. Tirage Lambda sur papier R3. 67 x 67 cm.