La galerie Rabouan-Moussion présente des objets suspendus au plafond et des sculptures en acier ressort accrochées aux murs. Ce sont des sculptures volantes et des cerfs-volants de Curt Asker qui sont tombés sur terre le temps de l’exposition.
Curt Asker est avant tout un dessinateur, un observateur. Lors de ses balades dans la campagne (il partage sa vie entre un village suédois de pêcheurs et les collines provençales du Lubéron), il ne cesse de dessiner. A la fin des années 50, il a saisi des formes fugitives au travers des vitres d’une voiture. Il s’en est inspiré pour ses sculptures suspendues. En découpant une aquarelle et en la fixant sur un fond de ciel, il a inventé ses sculptures-aquarelles. Elles sont de deux types: les plus légères et surtout celles qui permettent une prise au vent suffisante volent à la manière de cerfs-volants; les autres sont suspendues à un cerf-volant ou à un pieu.
Déjà inspirés de formes naturelles, ces sculptures volantes ont la nature pour espace de prédilection. Des photographies les montrent en train de littéralement flotter comme par magie dans le ciel: aériennes, immatérielles, suspendues dans le vide, défiant la pesanteur. Cette perte de réalité, s’accompagne d’une perte des proportions en raison de la distance et de l’altitude où ils flottent. Si les sculptures-aquarelles volantes paraissent de grandes dimensions sur les photographies, celles qui sont exposées, dont certaines ont d’ailleurs volé, sont en fait de taille réduite, guère plus de 40 centimètres pour certaines.
Découpées à l’acide dans de fines feuilles d’acier pour ressorts, donc souvent dépourvues de reliefs, ces sculptures tendent à s’estomper dans le ciel, à n’être plus que des traces, des motifs. Elles se réduisent à une découpe et reviennent à l’état originaire de dessin, tandis que le ciel est transformé en la plus grande toile du monde. Ce sont des sculptures sans socle, sans lien terrestre, avec le ciel comme support. En quelque sorte, Curt Asker dessine sur le ciel, et cherche à «faire voir la densité de l’air». Sa quête est plus vaste encore: «Je fabrique des instruments, dit-il, pour mesurer les échelles et les distances imaginaires, en espérant qu’une fois, je verrai le dos de l’horizon».
Les sculptures sont en acier ressort peint ou brut, de dimensions variables. Elles ont toutes été réalisées entre 2000 et 2002.
Les photographies d’installation sont imprimées sur bâche de fibres végétales.