Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Michel Lucas, Jean-Pierre Saez
Culture et développement durable: le renouvellement des politiques culturelles en question
La notion de développement durable apparaît dans le débat international en 1980 dans le sillage de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Cependant, il faut attendre le Sommet de Johannesburg en 2002 pour que la culture soit partie prenante du développement durable aux côtés de l’économie, de l’environnement et de la solidarité sociale. En mai 2004, le Forum des Autorités locales pour l’Inclusion sociale de Porto Alegre s’approprie l’idée. C’est ainsi que naît l’Agenda 21 de la culture, document de référence destiné à l’ensemble des pouvoirs locaux au niveau mondial et qui pose les bases d’un plan d’action cherchant à articuler la culture et le développement durable au XXIe siècle.
Le développement durable s’inscrit désormais dans les préoccupations individuelles et collectives. Mais de quoi parle-t-on vraiment lorsque l’on parle de «développement durable»? En quoi l’émergence de ce concept et ses divers modes d’appréhension renouvellent-ils notre approche des politiques culturelles?
Dans un paysage culturel en recomposition, la recherche d’un lien plus prégnant entre la culture et le développement durable invite a priori à croiser divers enjeux: le respect de toutes les cultures et des droits qui s’y rattachent, la préservation de la diversité culturelle et de l’inter-culturalité, une plus grande participation des habitants à la vie artistique et culturelle, la prise en compte de la culture dans d’autres dimensions de l’action publique, la construction d’une gouvernance culturelle, mais aussi la recherche d’interactions entre art vivant, patrimoine, environnement, attractivité territoriale, lien social, économie, tourisme et développement…
Culture et développement durable : le renouvellement des politiques culturelles en question
Si les avancées sont encore timides, on observe de plus en plus d’acteurs culturels, d’institutions, de festivals, de collectivités territoriales investissant le champ de la culture sous l’angle du développement durable. Toutefois, ils manquent parfois d’outils, de repères et de connaissances des expériences en cours pour ce faire. Si l’Agenda 21 de la culture constitue un cadre de travail intéressant pour envisager cette approche renouvelée des politiques publiques, il ne saurait pas non plus représenter un paradigme de référence absolu ou une réponse figée à toutes les questions que posent l’art et la culture dans la société contemporaine.
Comment les collectivités territoriales et les acteurs culturels qui ont adopté ce texte le mettent-ils en œuvre? Dans quelle mesure l’Agenda 21 de la culture est-il un outil de renouvellement des politiques culturelles et de l’action publique en général? Plus largement, comment faire de la culture un enjeu, voire le fondement même d’une politique de développement durable? Un des défis consiste à passer de logiques de coopération entre pouvoirs locaux à une gestion partagée de la décision publique associant la société civile. Comment reconsidérer alors l’action culturelle et les politiques culturelles dans le sens d’une nouvelle gouvernance à même de développer des politiques partenariales et multipolaires et qui prenne en compte l’ensemble des acteurs de la cité? Comment développer des politiques publiques transversales innovantes qui participent à faire interagir la culture avec d’autres champs (éducation, aménagement du territoire, domaine social, urbanisme, développement économique)?
Cette conférence, suivie d’un débat, abordera ces questionnements complexes avec l’objectif de dépasser les premiers gestes d’éco-responsabilité, de repenser et mettre en débat les modes de production, les modèles économiques et relationnels, pour inventer de nouvelles formes de travail et de projet.