L’exposition personnelle de Dominique Figarella intitulée «CU» présente la troisième proposition du peintre français pour la galerie Anne Barrault.
La perception comme enjeu essentiel
Le titre de l’exposition, «CU» fait référence à l’un des tableaux présentés, sur lequel figure la phrase «Ask me if I C like U» (Demande-moi si je vois comme toi). A travers cette simple phrase se pose un des enjeux essentiels de la peinture de Dominique Figarella. Les nouvelles œuvres de celui-ci poursuivent en effet le travail autour de la perception qui est au cœur de sa démarche artistique. Les tableaux ne sont pas ici des objets fermés sur eux-mêmes, ils s’inscrivent au contraire dans un dispositif qui les dépasse et dont le spectateur constitue un élément indispensable. L’expérience proposée engage pleinement notre regard ; elle est une interaction entre le tableau, l’espace d’exposition et nous.
Le tableau qui donne son titre à l’exposition est constitué d’éclaboussures de peinture rouge appliquées verticalement sur un fond bleu. Dans l’entrelacs de ces lignes rouges est tracé, par prélèvement de matière, la phrase citée. Le matériau est ici utilisé comme moyen de montrer autant que comme moyen de cacher, les lettres inscrites de façon très libre dans le réseau de traits aléatoires ne sont visibles qu’après une observation attentive. L’abstraction qui s’impose au premier regard se charge de sens sans passer par la figuration.
Des tableaux qui mettent en scène l’acte de peindre
Les toiles de Dominique Figarella résultent toujours de l’expérimentation ; elles sont des tentatives dont la réussite ne prend forme que dans le cadre du « cube blanc », l’espace de la galerie, sous le regard du spectateur. Les matériaux et les gestes utilisés, au-delà des sensations visuelles qu’ils provoquent, trouvent différentes interprétations selon le sujet qui les reçoit, ses connaissances et le contexte dans lequel il la reçoit. Chaque tableau remet en question les analyses prédéterminées par les conventions artistiques pour donner toute sa place à la subjectivité de chacun. Il s’affirme ainsi comme une entité vivante et multidimensionnelle.
Plus que de l’abstraction, les tableaux relèvent d’une figuration de l’acte de peindre. La multiplicité des objets utilisés pour appliquer la peinture sur la toile ou l’oblitérer, les innombrables gestes expérimentés constituent un panorama des possibilités picturales. Chaque toile incite à se pencher sur les actions qui lui a donné naissance et à suivre le fil de l’acte créatif. Notre perception, notre analyse et notre imagination sont au cœur de l’exposition.