Yto BARRADA — née en 1971 à Paris (France). Vit et travaille à New York (USA).
Yto Barrada est une artiste contemporaine franco-marocaine dont la pratique englobe photographie, installation, film, sculpture… Nourri d’approches sociologiques et politiques, le travail d’Yto Barrada propose des écritures mémorielles, à la fois totalement cosmopolites et ancrées dans le Maroc urbain contemporain de la ville de Tanger. Conjuguant petites histoires et grande Histoire, ses Å“uvres ont fait l’objet de nombreuses distinctions. Récipiendaire de la Ellen-Auerbach-Stipendium (bourse photographique) en 2006 à Berlin, en 2007 et 2011 elle participe à la Biennale de Venise. Nommée artiste de l’année de la Deutsche Bank en 2011, elle est nominée en 2016 pour le Prix Marcel Duchamp. Actuellement, le travail d’Yto Barrada est notamment représenté par la Galerie Polaris (Paris), la Sfeir-Semler Gallery (Hambourg, Beyrouth), la Pace Gallery (New York, Londres, Beijing, Hong Kong, Paris, Palo Alto, Séoul).
Yto Barrada : le détroit de Gibraltar, en photographie, installation, film
Née à Paris, où étudiaient ses parents, Yto Barrada a grandi entre Tanger et Paris. Elle a étudié l’anthropologie et les sciences politiques à la Sorbonne. Puis la photographie à l’International Centre of Photography (New York). Des ses parents journaliste et psychothérapeute, Yto Barrada a hérité un sens du reportage social. En 1998, elle effectue ainsi une série photographique sur les barrages militaires en Cisjordanie. Série exposée en 1999 à l’Institut du Monde Arabe. Toujours en 1998, elle entame Une vie pleine de trous. Le Projet du Détroit. Photographie, vidéo, installation, l’Å“uvre documente la vie dans l’espace du détroit de Gibraltar, côté marocain. Contrebande de cigarettes (Bornes, 2005), dormeurs dans les parcs publics (Dormeurs, 2006), enfants jouant au football (Trou dans le grillage, 2003), ouvrières au travail (Usine 1 – Conditionnement de crevettes dans la zone franche, 1998)… Le « Projet du détroit » est exposé au Jeu de Paume en 2006.
Cinémathèque de Tanger, luttes végétales, écritures et mémoires singulières et collectives
Artiste polyvalente et protéiforme, à l’instar du détroit, l’Å“uvre d’Yto Barrada se tient à la croisée des chemins. À partir de 2005, avec le producteur Cyriac Auriol et le réalisateur et producteur Latif Lahlou, elle travaille à l’ouverture de la Cinémathèque de Tanger. Installée dans l’ancien cinéma Rif, la Cinémathèque est inaugurée en février 2007. Par ailleurs, Yto Barrada est mariée depuis 2006 au réalisateur américain Sean Gullette. Attentive à la ‘botanique du pouvoir’, son projet Iris Tingitana (2007, présenté à la Biennale de Venise) aura mis l’accent sur les franges urbaines, comme territoire de conflit entre végétations et expansions bétonnées. En 2011, elle présente l’installation The Telephone Books (or the Recipe Books) à la Biennale de Venise. Des photographies du carnet d’adresses de sa grand-mère, analphabète. Autrement dit, faisant usage d’un système mnémotechnique personnel pour identifier les interlocuteurs et informations associées, sans recours aux lettres ou chiffres.