Walker EVANS — né le 3 novembre 1903 à Saint-Louis (USA) ; décédé le 10 avril 1975 à New Haven (USA).
Walker Evans est un photographe américain dont les portraits, en noir et blanc, sont entrés dans l’histoire visuelle des États-Unis. Notamment ses photoreportages réalisés dans les États du Sud-Est des USA, documentant l’Amérique de la Grande Dépression. Tout au long de sa carrière, de la fin des années 1920 aux débuts des années 1970, Walker Evans aura été le porteur d’un ferment interdisciplinaire. Entre journalisme photographique, littérature d’auteur et revendication du statut d’artiste pour le photographe. Sa photographie, objective et factuelle, véhicule toute la charge subjective du contacts des regards, entre modèle et photographe. Elle a ainsi fait entrer dans l’histoire ces portraits de familles, adultes, enfants, vivant dans la précarité sans pour autant baisser les yeux.
Walker Evans : les débuts, entre littérature, poésie, photographie factuelle et documentaire
Né d’une famille aisée du Missouri, Walker Evans étudie la littérature française avant de passer une année à Paris, en 1926-1927, à la Sorbonne. Dans le sillage de la photographie factuelle d’Eugène Atget (1857-1927), Walker Evans commence à photographier vers 1928, lors de son retour à New York. Il publie ses premières photographies dans le recueil de poésie The Bridge (1930), de Hart Crane. En 1931-1933, l’écrivain et mécène Lincoln Kirstein coproduit sa série photographique des maisons victoriennes. En 1933, Walker Evans réalise un photoreportage à Cuba, pour J. B. Lippincott & Co., maison d’édition de The Crime of Cuba (1933), par Carleton Beals. Et c’est en 1935 que Walker Evans entame son travail photographique pour la Resettlement Administration (RA), en Virginie-Occidentale et Pennsylvanie. La RA est alors une structure publique ayant pour vocation de redéployer, dans des entités communautaires, les familles les plus écrasées par la crise.
Reportage, Grande Dépression et Fortune : l’écriture de l’Histoire (Louons maintenant les grands hommes)
La collaboration avec la RA se poursuit dans d’autres États du Sud, puis pour le compte de la Farm Security Administration, jusqu’en 1938. Date à laquelle ce travail fait l’objet d’une exposition monographique, « American Photographs », au MoMA de New York. Les textes du catalogue sont d’ailleurs rédigés par Lincoln Kirstein. Durant cette période, en 1936, Walker Evans commence à travailler pour le magazine Fortune. Avec l’écrivain James Agee, ils réalisent un reportage sur trois familles de métayers pauvres, en Alabama. Mais Fortune ayant finalement renoncé à le publier, Walker Evans et James Agee le publie sous la forme du livre Louons maintenant les grands hommes (1941). Walker Evans va ensuite continuer de travailler pour la presse, alternant écriture et photographie. Chroniqueur pour Times Magazine, il réalise également des reportages photographiques pour Fortune, jusqu’en 1965. En 1964, il intègre l’Université de Yale, en qualité de professeur de photographie et design graphique.