Suzanne LAFONT — née le 9 juillet 1949 à Nîmes (France). Vit et travaille à Saint-Ouen (France).
Suzanne Lafont est une photographe contemporaine française travaillant son medium sous forme de juxtapositions, d’installations, de montages… Elle crée des séquences narratives elliptiques où, par exemple, les mots et courtes phrases interviennent comme jonctions. Générant ainsi des récits volontairement lacunaires. L’une de ses Å“uvres les plus connues consiste en une installation photographique, exposée à la Documenta de Cassel en 1997. Trauerspiel se composait alors de panneaux publicitaires, répartis à travers la ville et relatant un voyage d’exil, générique. Récit distancié, chaque panneau se structurait en architectures, protagonistes, nom. Istanbul, Belgrade, Budapest, Vienne, Francfort : le parcours des visiteurs prenait le relais des trajectoires migratoires. Actuellement, le travail de Suzanne Lafont est représenté par Erna Hecey Gallery (Luxembourg), notamment.
Suzanne Lafont : de la photographie objective, documentaire, Ã la mise en valeur des structures
Après des études en littérature et philosophie, Suzanne Lafont entame une thèse, au début des années 1980, sous la direction de Jean-François Lyotard. En 1984, elle intègre la mission photographique de la DATAR (Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale). Autrement dit une commande publique, passée auprès d’artistes photographes, pour dresser un état des lieux des paysages français. Suzanne Lafont photographie un site industriel abandonné en Lorraine. Elle travaille ensuite pour le Conservatoire du Littoral. À la fin des années 1980 elle participe à plusieurs expositions collectives. Telles « Contemporary French Landscape Photography » (Cleveland, 1987) et « Another Objectivity » (Londres, 1988). Au début des années 1990, elle expose au Centre Pompidou (« Passages de l’image », 1990), à la Kunstverein d’Ulm (« Kunst Europa », 1991), au Museum of Contemporary Art de Los Angeles (« A Dialogue about Recent American and European Photography », 1991).
Séries et installations photographiques : séquences, théâtralité, ellipses et production de récits
Développant une photographie séquentielle, en 1990 Suzanne Lafont réalise, par exemple, la série Le Bruit. Soient des portraits en noir et blanc de personnes posant dans des attitudes évoquant les nuisances sonores. Entre théâtre, cinéma et structure du langage corporel. En 1992, elle participe à la Documenta de Cassel. Son travail fait également l’objet de plusieurs expositions personnelles. Notamment au Jeu de Paume (Paris) et au MoMA (New York). En 1997, elle participe de nouveau à la Documenta de Cassel, avec son installation photographique urbaine Trauerspiel. En 2015, le Carré d’Art (Nîmes) lui consacre une vaste exposition, « Situations ». Suzanne Lafont y expose notamment la pièce Index (1987-2015). Soit une double projection de quatre-cent-soixante-quatre images et textes. Chaque projection se structurant en photographie et courte légende, laconique. L’une des projections étant en français, l’autre en anglais. Si les deux séries sont identiques, elles sont, dans chaque langue, classées par ordre alphabétique.