Sophie RISTELHUEBER — née le 21 octobre 1949 à Paris (France). Vit et travaille à Paris.
Sophie Ristelhueber est une artiste contemporaine française dont la pratique se concentre essentiellement sur la photographie. Tout en incluant vidéos, installations et pièces sonores. Parcourant espaces et territoires, depuis près de quatre décennies Sophie Ristelhueber s’attache aux paysages. Vestiges, ruines, cicatrices et stigmates de guerres et conflits… Ses photographies fonctionnent comme des états des lieux ; comme autant de constats de l’impact des activités humaines. En 1982, sa série Beyrouth, photographies se compose de trente-et-une photographies en noir et blanc. Sans présence humaine, ce sont des images de décombres. Vestiges de théâtres, d’immeubles, de stades… La présence humaine n’y existe qu’en négatif. Un recensement de l’absence, dénotant aussi bien les victimes que les auteurs des saccages. Actuellement, le travail de Sophie Ristelhueber est notamment représenté par la Galerie Jérôme Poggi (Paris) et la Galerie Catherine Putman (Paris).
Sophie Ristelhueber : le Nouveau Roman et les séries photographiques
Sophie Ristelhueber étudie, au début des années 1970, les Lettres à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études. De son mémoire sur le Nouveau Roman elle conservera, dans sa photographie, un rapport distancié, factuel. Travaillant dans l’édition, en 1980 elle rencontre le photographe et réalisateur Raymond Depardon, avec qui elle réalise le film San Clemente (1982). Pendant la Guerre civile du Liban (1975-1990), elle effectue en 1982 la série Beyrouth, photographies, publiée sous forme de livre en 1984. Sa série Vulaines, en 1989, se composent de diptyques. Mettant en regard des photographies d’enfance et de famille d’un côté, et des photographies d’une maison meublée, mais vide, de l’autre. Paradoxalement, la série ne dégage que très peu de nostalgie ou de charge émotionnelle. Relevant d’avantage du reportage anthropologique que de l’autofiction. Au fil de ses séries et installations photographiques, Sophie Ristelhueber développe ainsi une esthétique du constat factuel.
Photographie de guerre et factualité : ruines, vestiges, cicatrices, décombres et absence de pathos
Faits (1992), Every One (1994), La Campagne (1997), Irak (2001)… Qu’il s’agisse de la Première Guerre du Golfe, de points de suture sur des corps sans regard, ou de la Guerre d’Irak… Les photographies de Sophie Ristelhueber ne cherchent pas à capter le pathos. Que les attaques aient déjà eu lieu (Eleven Blowups, 2006) ou que les troupes soient en train de se déployer (Faits, 1992), les événements semblent s’enchaîner suivant un ordre régulier et homogène. Contrairement au film Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni, il n’y a pas ici de vérité derrière l’image. Soit une impression de factualité notamment renforcée par la régularité des cadrages et la stabilité de la distribution des tirages dans l’espace. De résonance internationale, le travail de Sophie Ristelhueber fait régulièrement l’objet d’expositions personnelles, à travers le monde. À Sarajevo (1994), Nantes, Utrecht, Genève, Buffalo, Toronto, Boston, Arles, Niigata, Marseille, Bogota, New York (Armory Show, 2017)…