Shirley JAFFE — née le 2 octobre 1923 à Elizabeth (USA) ; décédée le 29 septembre 2016 à Louveciennes (France).
Shirley Jaffe est une peintre américaine, dont l’Å“uvre, colorée, géométrique, abstraite, aura développé son propre vocabulaire, ses dynamiques. Venue des États-Unis et de l’Expressionnisme Abstrait, Shirley Jaffe s’installe en France en 1949. Progressivement, sa peinture va alors se déplacer vers davantage de géométrisation. Développant des assemblages colorés, rappelant tour à tour (de loin) certains collages d’Henri Matisse ou le graphisme de Fredun Shapur. Soit la juxtaposition d’éléments picturaux, diversement colorés, de manière uniforme et vive. Mais à la différence des deux artistes précités, la peinture de Shirley Jaffe demeure non-figurative. Et les éléments mobilisés génèrent leurs rythmes propres, sans s’appuyer sur un référent. Actuellement, le travail de Shirley Jaffe est représenté par la Galerie Nathalie Obadia (Paris), la Galerie Greta Meert (Bruxelles), la Galerie Jean Fournier (Paris), notamment.
Shirley Jaffe : l’Expressionnisme Abstrait à Paris et l’émergence de la géométrisation
Après avoir grandi à Brooklyn, Shirley Jaffe étudie l’art à la Cooper Union Art School de New York, jusqu’en 1945. Mariée à Irving Jaffe, elle le suit à Washington ou elle intègre la Phillips Art School de Washington (1945-1949). Tandis que son mari est muté à Paris, Shirley Jaffe l’accompagne. Elle pratique alors une peinture qui s’inscrit dans la continuité de l’Expressionnisme Abstrait. À Paris, elle fréquente d’autres artistes expatriés Nord-américains, comme les peintres Sam Francis, Joan Mitchell, Kimber Smith, Jean-Paul Riopelle. En 1959, la Galerie Komfeld et Klipstein de Berne lui consacre une exposition personnelle. En 1961, elle expose à la Galerie Handschin (Bâle), à la suite de Kimber Smith. Récipiendaire d’une bourse de la Ford Foundation, elle séjourne à Berlin de 1963 à 1964. En 1966, par l’intermédiaire de Sam Francis, elle commence à travailler avec la Galerie Jean Fournier (Paris).
La progression vers une peinture graphique, dynamique, colorée et épurée
Au fil des années 1970, la peinture de Shirley Jaffe continue d’évoluer. D’abord, l’espace de la toile est découpé en surfaces géométriques distinctes et juxtaposées, de couleurs différentes. Ses toiles Untitled des années 1970-1972 présentent des volumes rangés, sans flottement ni temps mort. Progressivement, des interstices, des écarts et du jeu apparaissent ; les formes commencent à flotter dans leur case. Long with marge Brown (1977), par exemple, présente des arrondis, des surfaces aux contours complexes, des contrastes accentués. La ligne courbe, les circonvolutions, émergent. Au fil des décennies s’adjoignent grilles ajourées, traits, volumes, arrondis, chevauchement, surfaces ouvertes. Et le fond blanc trouve une pleine fonction esthétique. Comme le silence en musique. Tandis que l’espace du tableau se confond avec le mur d’exposition, blanc, les motifs bondissent de la toile. En témoigne notamment sa grande exposition personnelle « Paintings », organisée à la Galerie Greta Meert en 2006.