Roman OPALKA [Roman OPAŁKA] — né le 27 août 1931 à Abbeville-Saint-Lucien (France) ; décédé le 6 août 2011 à Chieti (Italie).
Roman Opalka est un artiste franco-polonais dont le travail s’articule essentiellement en deux temps : la peinture et la photographie. Artiste du temps qui passe et de la création systématique, Roman Opalka s’est rendu célèbre avec ses deux séries convergentes. D’un côté une série d’autoportraits photographiques, en noir et blanc. De l’autre une série de peintures de chiffres, en noir et blanc. Toute sa vie d’artiste durant, et jusqu’à son décès, Roman Opalka a poursuivi ses deux séries. Actuellement, le travail de Roman Opalka est représenté par la Gallerie Michela Rizzo (Venise), la Galeria Boss (Lódz) et la Lévy Gorvy Gallery (New York, Londres), notamment. Par ailleurs, en polonais le nom de famille Opałka se prononce théoriquement Opawka.
Roman Opalka : le temps à l’œuvre et peintures de nombres achromatiques (Détails et 1965/1 – ∞)
Né en France de deux parents polonais, Roman Opalka et sa famille déménagent en Pologne en 1935. De 1940 à 1945, la famille Opalka est déportée en Allemagne. À sa libération en 1945, elle s’installe en France, puis retourne en Pologne en 1946. Roman Opalka apprend alors la lithographie à l’École de Graphisme de Walbrzych Nowa Ruda (1946-1948). Puis il intègre l’École des Arts Appliqués de Lódz (1949). Suite à quoi il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie (1950-1956). De 1959 à 1963 il développe des séries de peintures, devenues monochromes blancs à force d’agglutination de signes. En 1965, Roman Opalka entame 1965/1 – ∞. Méthodique, la première peinture consiste en un monochrome noir, sur lequel est peinte, dans l’ordre croissant, la suite des nombre entiers, de 1 à 35327. Il les peint en blanc, avec un effet d’estompe entre les chiffres peints. Ce premier Détail amorce l’œuvre 1965/1 – ∞.
Entre répétition systématique et unique absolu : peinture, compte vocal et autoportrait photographique
Ainsi, toutes les toiles de Roman Opalka sont de mêmes dimensions (1,95 × 1,35 m2) et prolongent les précédentes. Tandis qu’il prononce les chiffres peints à voix haute, à partir de 1968, il commence à s’enregistrer en train de compter (en polonais). Il commence également à se prendre en photo après chaque séance de travail. Respectant toujours le même protocole (cadrage, chemise, lumière, expression faciale…). Lorsqu’il atteint le nombre d’un million, en 1972, il décide d’ajouter, pour chaque nouveau Détail, 1% de pigments blancs supplémentaire au fond monochrome initialement noir. Soit le début d’une lente transition vers le blanc à 100%. En 1977, Roman Opalka s’installe en France. À son décès en 2011, 1965/1 – ∞ compte 233 Détails et s’achève avec le nombre 5607249. Soit tout à la fois la scansion d’un temps irréversible et l’antidote objectif à l’irréparable outrage des ans. Reconnue dans le monde entier, son œuvre a été exposée à la Biennale de Venise (1993, 2003), ainsi qu’à la Documenta de Cassel (1977), notamment.