Nathalie TALEC — née en 1960 à Paris (France). Vit et travaille à Versigny (France).
Nathalie Talec est une artiste contemporaine française dont la pratique inclut performance, installation, photographie, sculpture… Faisant primer l’idée et le projet global sur la matière, Nathalie Talec cultive une Å“uvre protéiforme, articulée autour d’une notion-clef : le froid. Parmi ses Å“uvres emblématiques se compte notamment la photographie Autoportrait avec paire de lunettes pour évaluation des distances en terre froide (1986). Soit une photographie en noir et blanc, la montrant grimée et arborant une capuche polaire bordée de fourrure. Le regard porté vers l’horizon, ses yeux y sont néanmoins dissimulés derrière une sorte de paire de lunettes obstructive. La photo est issue d’une série (Portraits stratégiques) réalisée en studio, avec des accessoires prêtés par Paul-Émile Victor (traîneau, raquettes, skis, combinaison…). Elle synthétise les articulations de l’Å“uvre de Nathalie Talec : froid, exploration, mise en scène de soi, fiction, vide et absence (dans l’aveuglement), héroïsme et postures, mais aussi humour, jeu et simulation.
Nathalie Talec : le froid, l’exploration polaire, le scientifique en explorateur et l’artiste en scientifique
Nathalie Talec a étudié les Arts Plastiques à la Sorbonne (1979-1984). Cursus à la suite duquel elle prépare une thèse de doctorat sous la direction de Bernard Teyssèdre (1984-1986). Elle réalise sa première performance à Cologne, en 1983. Se mettant en scène en exploratrice polaire, en milieu urbain (Cinq minutes sur la route du Pôle). Opérant ainsi une collision entre démarche créatrice de l’artiste et univers scientifique des explorateurs polaires. Tels Paul-Émile Victor (créateur et directeur des Expéditions Polaires Françaises de 1946-1976), Jean Malaurie (Les Derniers Rois de Thulé, 1955) ou Jean-Louis Étienne (premier explorateur à atteindre, en 1986, le pôle Nord en solitaire). Entre simulation et fascination, Nathalie Talec s’approprie les attributs des explorateurs contemporains. Elle élabore alors films d’expéditions fictives (Eskimos Cannot Swim, 1984-85) et simulacres de conférences (Conférence sur le froid, 1984). Réalités et fictions finissant par se rejoindre avec un voyage au Groenland en 1987.
Exploration du réseau sémantique, objectivé et subjectivé, du froid : entre mythes, sciences et fictions
En 2008, Nathalie Talec réalise l’installation 0°T. Exposée lors de sa première rétrospective au MAC VAL (2008-2009), la pièce reprend le titre, en tubes fluorescents. Si les unités de mesure de température porte le nom de leur descripteurs (Anders Celsius, Gabriel Fahrenheit, Lord Kelvin), le froid exploré par le travail de Nathalie Talec peut aussi atteindre zéro degré Talec. En tant que fiction objective et expérience subjective, le froid devient alors métaphore du rien, du néant. Un vide pouvant à son tour se peupler de créatures totémiques. Tel le cerf, pour des commandes publiques en lycée (The Woods of Uncertainty, 2008). Entre Actéon mythologique d’Ovide et patronus alchimique d’Harry Potter. Naviguant entre science et fiction, et explorant les ramures sémantiques du froid, le travail de Nathalie Talec a notamment été exposé à la Biennale de Venise (1990). En 2016, le Frac Franche-Comté lui a consacré une vaste rétrospective.