Mounir FATMI — né en 1970 à Tanger (Maroc). Vit et travaille à Paris (France) et Tanger.
Mounir Fatmi est un artiste contemporain marocain dont la pratique inclut installation, vidéo, photographie, sculpture, dessin, performance, écriture… Parmi ses media reviennent souvent des éléments techniques, plus ou moins désuets : cassettes VHS à bande magnétique, néons, photocopieurs… La mémoire, l’histoire, l’obsolescence et les vanités occupent une certaine place dans le travail de Mounir Fatmi. L’Å“uvre Skyline (2007), par exemple, se présente comme une ligne d’horizon urbaine, composée de cassettes VHS, dont les bandes se dévident au sol. Hémorragie mémorielle, Skyline semble dégouliner et se répandre, en mélasse ou goudron visqueux. Le travail de Mounir Fatmi est actuellement représenté par les galeries Art Front (Tokyo), Lawrie Shabibi (Dubaï), Goodman (Johannesburg), Jane Lombard (New York), Shoshana Wayne (Los Angeles), Conrads (Düsseldorf), Analix Forever (Genève), ADN (Barcelone), Keitelman (Bruxelles) et officine dell’immagine (Milan).
Mounir Fatmi : l’art (installations, sculptures, vidéos) et les enjeux politiques et religieux actuels
Mounir Fatmi a étudié aux Beaux-Arts de Casablanca (1989) et de Rome (1991). Puis à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Amsterdam (2005-2007). En 2007, il participe à la Biennale de Venise. En 2009, en marge de la Biennale de Venise, il expose Le Grand Pardon. Soit une peinture murale réalisée in situ (Isola di San Pietro) à partir d’une photographie du pape Jean-Paul II en train d’accorder sa grâce à Mehmet Ali Agca, emprisonné pour avoir tenté de l’assassiner en 1981. Suscitant la polémique, la peinture est effacée par les visiteurs. Attentats du 11 septembre 2001, conflits religieux, textes sacrés… Les travaux de Mounir Fatmi confrontent les enjeux politiques et religieux contemporains. En 2011, il participe à la Biennale de Venise au sein de l’exposition « The Future of A Promise ». Un événement faisant écho aux révolutions arabes. Il y expose Technologia (2010), une vidéo combinant calligraphie et référence à Marcel Duchamp.
Analyse et déconstruction des structures et formats de pensée, de mémorisation, d’écriture
Qu’il le soit en lui-même ou de par ses contextes d’inscription, le travail de Mounir Fatmi est considéré comme subversif. En 2017, par exemple, il expose dans le pavillon indépendant de l’État NSK (Neue Slowenische Kunst), pour la Biennale de Venise. Non moins corrosif, le NSK interroge l’histoire nazie et fasciste de l’Europe. Extrémisme, totalitarisme, dogmatisme… Mounir Fatmi scrute les structures de pensée, d’habitat. À l’instar de Déconstruction structure N°3 (2016), par exemple, conjuguant le film Le Voyage de Claude Lévi-Strauss (Mounir Fatmi, 2013), une rame de papier, des chaussures noires, un palmier et une broderie de la couverture de La Pensée sauvage (éditée chez Plon). Attachée à l’écriture, l’Å“uvre de Mounir Fatmi s’étend d’ailleurs aux aphorismes. « J’ai fait un très grand effort pour cesser de rêver. » « La seule opération gratuite, c’est le lavage de cerveau. » « Si l’art est un marché, évitons d’être des légumes. »