Mai-Thu PERRET — née en 1976 à Genève (Suisse). Vit et travaille à Genève.
Mai-Thu Perret est une artiste contemporaine suisse dont le travail englobe installation, sculpture, vidéo, objet, peinture, céramique, texte, dessin… Artiste multimédia, Mai-Thu Perret développe un travail où même le banal du quotidien se charge de valeur affective. En amont, il y a la trame narrative d’une utopie : New Ponderosa Year Zero. Soit une collectivité de femmes, installée au Nouveau-Mexique. Le récit fondateur, The Crystal Frontier (1999), plante ainsi le décor d’une communauté féminine, notamment inspirée par la collectivité socialiste Llano del Rio (désert Mojave, 1914-1918). En 2016, son installation Sightings aura, par exemple, rassemblé des mannequins de femmes, vêtue d’uniformes paramilitaires et armées. Une installation rappelant la série photographique Family (2008) de Marina Abramovic. Actuellement, le travail de Mai-Thu Perret et représenté par la Galerie Francesca Pia (Zurich), la VNH Gallery (Paris), la Simon Lee Gallery (Londres, Hong Kong, New York), la David Kordansky Gallery (Los Angeles), notamment.
Mai-Thu Perret : sculptures et installations en forme de réseau narratif, peuplé de références
Mai-Thu Perret a d’abord étudié les lettres anglaises à l’Université de Cambridge (1994-1997). Puis elle intègre l’Independant Study Program du Whitney Museum de New York (2002-2003). Dès 2000, elle commence à travailler avec la Galerie Francesca Pia, avec l’exposition collective « Why can’t monsters get along with other monsters ». Inspirée par la prolixe réflexion autour des utopies socialistes européennes (inaugurée par Thomas More, en 1516), elle cultive un art tissé de références. À l’instar de sa pièce Balthazar (2012), un âne en rotin faisant sûrement écho au film Au hasard Balthazar (1966, Robert Bresson). Soit un film dans lequel les rapports humains culminent dans la violence et l’oppression. Tandis que ses sculptures Niki (2012-2015) répondent probablement aux Nanas de Niki de Saint Phalle. En 2001, l’une de ses premières expositions personnelles, « Land of Crystal », se déroule au Studio du Centre d’Art de Neuchâtel.
The Crystal Frontier (1999) et la communauté féminine utopique de New Ponderosa : altérité et airs de famille
En 2011, Mai-Thu Perret participe à la Biennale de Venise, dans le cadre de l’exposition collective « ILLUMInations ». Elle y expose Flow My Tears II, une pièce de néons blancs, en forme de triangle horizontalement strié. Cultivant un art aux accents féministes, sa pièce The Family (2007) se compose de mannequins en papier mâché. Autour d’une figure féminine adulte gravitent ainsi cinq enfants. Et aucun des personnages n’a de visage, de contours distincts. L’année suivante, Marina Abramovic crée la série photographique Family, se mettant en scène entourée d’une troupe de fillettes en uniformes paramilitaires, armées. Dans ce dialogue fortuit entre les deux artistes se dessine néanmoins une question contemporaine : celle de la conjugaison entre altérités et manières de faire communauté. En 2011, l’Aargauer Kunsthaus d’Aarau lui aura consacré l’exposition monographique « The Adding Machine », présentée ensuite au Magasin de Grenoble, en 2012.