Laurent MONTARON — né en 1972 à Verneuil-sur-Avre (France). Vit et travaille à Paris (France).
Laurent Montaron est un artiste contemporain français. Sans medium spécifique, il travaille la matière du temps par le film, la photographie, l’installation, les dispositifs sonores… Dans son travail, la question du temps (durée, succession, déroulement) joue un rôle primordial. Ce matériau peut ainsi croiser celui du langage (dans sa linéarité et ses déploiements spatiaux). Laurent Montaron décortique ainsi l’Esthétique Transcendantale kantienne : le temps et l’espace. C’est-à-dire les a priori de la sensibilité et de la perception. En travaillant ces matériaux, aux frontières de l’immatériel, Laurent Montaron travaille la matière de l’expérience. Chacune de ses œuvres invite les spectateurs à faire des expériences sensorielles. Chacune engage les visiteurs dans une interaction, où l’œuvre tente directement de faire vibrer la corde sensible. L’immersion, ici est celle des sens, celle des pensées.
Laurent Montaron : travailler le matériau temps (film, installation sonore, photographie)
Dans les œuvres de Laurent Montaron, les intrications entre le son (linéarité) et l’image (spatialité) sont multiples et chevauchantes. Avec la photographie The Stream (2007), on voit un preneur de son accroupi, concentré à enregistrer le bruit d’une rivière. Ce qui est convoqué ici, c’est l’ailleurs de l’image : l’imaginaire du spectateur comble la part manquante, fait entendre la rivière. Par son travail, Laurent Montaron rend visible et perceptible le temps qui passe, les mécanismes cachés. Avec son film Pace (2009), c’est une main qui tient un cœur de poisson, toujours battant après avoir été arraché à l’animal. La boucle, ici, repousse la fin.
Décortiquer les mécanismes cachés pour en faire l’expérience
L’installation sonore D‘Après la Sonosphère d’Elipson (2006) se compose de douze enceintes disposées en boule, à la manière d’un ballon de football à facettes. Cette sphère sonore diffuse une vague acoustique, une pièce orchestrale. Laurent Montaron a demandé à un orchestre de moduler différentes intensités du « La 440 ». C’est-à-dire la note d’accord, conventionnellement étalonnée à 440 hertz. En jouant avec les intensités et les textures de cette tonalité, Laurent Montaron entend moduler les émotions fondamentales des spectateurs. Et ce, suivant le même processus que celui employé dans les musiques de films (lorsqu’une note tenue monte en intensité, par exemple). Soit dit en passant, ce procédé est très présent dans les films de David Lynch et les musiques d’Angelo Badalamenti. D’Après la Sonosphère d’Elipson rend ainsi perceptible le mécanisme invisible de production d’émotions par la seule modulation hertzienne.