Kendell GEERS — né en mai 1968 à Johannesburg (Afrique du Sud). Vit et travaille à Bruxelles (Belgique).
Kendell Geers est un artiste contemporain sud-africain dont la pratique inclut peinture, sculpture, installation, situation, performance, photographie… Soit une pratique plurielle, s’attachant à questionner les identités mutilées et la violence dans les rapports d’hégémonie culturelle. Barbelés, tessons de verre, hauts parleurs, certificats de décès, sang… mais aussi sculptures en bois et peintures corporelles… La pratique de Kendell Geers reflète un art engagé et vigoureux. Il a participé à la Documenta de Cassel (2002) ainsi qu’à la Biennale de Venise (2007). Le travail de Kendell Geers est actuellement représenté par la Goodman Gallery (Johannesburg, Cape Town), la Stephen Friedman Gallery (Londres), la Galerie Rodolphe Janssen (Bruxelles).
Kendell Geers : pratique artistique engagée, conjuration et cicatrices de l’apartheid
Kendell Geers naît pendant l’apartheid, dans une famille afrikaner (de couleur de peau blanche). Rompant avec sa famille, dès l’âge de quinze ans il se rapproche des mouvements anti-apartheid. En 1985, il intègre l’Université de Witwatersrand pour étudier l’art et échapper au service militaire. En 1988, refusant toujours de servir dans l’armée, il a le choix entre l’emprisonnement et l’exil. Assistant du photographe Richard Prince, à New York, Kendell Geers retourne néanmoins en Afrique du Sud après la libération de Nelson Mandela en février 1990. Cette même année, il crée alors une Å“uvre cathartique : Bloody Hell. Soit une performance durant laquelle il se couvre de son propre sang. En 1993, il change son nom et sa date de naissance. Devenant Kendell Geers, né en mai 1968. En 1997, en sa qualité d’artiste, critique et curateur, il publie Contemporary South African Art. Ouvrage auquel participe notamment Okwui Enwezor.
Installation, sculpture photographie… La violence comme motif graphique, entre fascination et papier peint
Au début des années 2000, Kendell Geers développe un motif à partir du mot « Fuck ». Capitalisé et répété, le mot en devient presque un simple motif textile abstrait. Il en pare un crane de squelette humain (Fuckface, 2005), une reproduction de la Victoire de Samothrace (Cadavre Exquis, 2007), son visage (Fuckface, 2007)… Kendell Geers joue probablement ici sur le côté « ethnique » de la répétition d’un motif géométrique. Là où un regard négligeant ne verrait qu’une esthétique exotique et vaguement zulu, l’Å“il attentif lit le mot « Fuck », répété ad nauseam. Ce jeu sur la répétition d’une violence insoutenable finissant par faire tapisserie se retrouve également dans les motifs des fils barbelés (Ligne de Fuite 34 ; Age of the Iron LIII, 2006…). Ou encore dans la pièce 48 Hours (1997-1998), reprenant des faits divers brutaux, pour mieux les présenter comme des petites annonces, tapissant tout un mur.