Esther FERRER — née en 1937 à San Sebastián (Espagne). Vit et travaille à Paris (France).
Esther Ferrer est une artiste contemporaine espagnole dont la pratique inclut performance, art corporel, photographie, vidéo, sculpture, installation… L’autoportrait, en temps qu’Art Corporel et mise en scène de soi, forme une articulation centrale de son travail. Dans Europortrait (2002), par exemple, elle figure un personnage en train de vomir, ou d’aspirer, quantité de pièces d’euros, collées sur la photographie en noir et blanc. Dans la version de 2011, Sans titre, version 2011, ce sont des lettres multicolores magnétisées. Pour Autoportrait, 1986 (série Le Livre des têtes), ses yeux et bouche sont couverts de carrés de gaze, comme engrillagés. Avec la série des performances Las Cosas (1993-2011), Esther Ferrer aura porté quantité de choses sur sa tête. Un marteau, un niveau, une ventouse, un chou, un entonnoir, un sac… Actuellement, le travail d’Esther Ferrer est représenté par la Galerie Lara Vincy (Paris), notamment.
Esther Ferrer : performances et Art Corporel au sein du groupe ZAJ (1964-1996), proche de Fluxus
Née pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), Esther Ferrer a grandi sous la dictature de Franco (1939-1975). Elle étudie d’abord les sciences sociales et exerce comme assistante sociale. Après un séjour à Paris en 1962, elle co-crée un « Atelier de libre expression enfantine » à San Sebastián, avec le peintre José Antonio Sistiaga. Au cours des années 1960, elle entame également des études de journalisme et rédige notamment des articles féministes. Engagée, Esther Ferrer rencontre le groupe ZAJ (Juan Hidalago, Walter Marchetti et Ramon Barce), qu’elle intègre en 1967. Inspiré par John Cage, Fluxus et les happenings, c’est au sein de ce groupe d’artistes et musiciens qu’elle réalise ses premières performances. Dont El caballero de la mano en el pecho (1967). Proche de Fluxus, ZAJ avait invité Wolf Vostell à Madrid en 1965. À son tour invité en Allemagne en 1968, Esther Ferrer rencontre Wolf Vostell et Joseph Beuys.
L’équilibre et l’absurde : assemblages photographiques, installations et performances composites
En 1973, John Cage invite le groupe ZAJ à New York et San Francisco. Cultivant un art de l’assemblage, Esther Ferrer développe performances, photographies, sculptures, installations… À l’instar de ses montages photographiques ou des objets posés sur sa tête, ses Å“uvres oscillent entre rigoureux équilibre et bascule symbolique dans l’absurde. En 1999, elle représente l’Espagne à la Biennale de Venise. Elle y expose alors une installation de miroirs, dont l’un, entouré d’un cadre doré, porte l’inscription « En El Marco Del Arte » [Dans le cadre de l’art]. Tandis que sa performance Le chemin se fait en marchant (2000-2015) consiste à marcher sur du scotch à travers les villes (dont Ramallah et Jérusalem, en 2011). Récemment, une double rétrospective lui aura été consacrée : « Le chemin se fait en marchant (face A) » au Frac Bretagne (2013) et « Face B. Image / Autoportrait » au MAC VAL (2014).