Eli LOTAR (né Eliazar Lotar Teodorescu) — né en 1905 (lieu indéterminé, probablement en France) ; décédé en 1969 à Paris.
Eli Lotar est un photographe français d’origine roumaine (il est le fils du poète roumain Tudor Arghezi). Lié aux avant-gardes, son œuvre la plus célèbre (collections du Centre Pompidou) reste probablement la série de photos Aux abattoirs de la Villette, partiellement publiée en novembre 1929 dans la revue Documents de Georges Bataille. Trois photos de la série y sont associées au texte « Abattoir », de Bataille. La photo des pieds de bovins, alignés contre un mur, a contribué à ce qu’Eli Lotar soit associé au Surréalisme. De même que sa collaboration avec le cinéaste Louis Buñuel. Mais protéiformes, les œuvres photographiques et cinématographiques de Lotar débordent pourtant les seuls Surréalisme et Réalisme documentaire.
Eli Lotar : entre avant-gardes photographiques surréalistes expérimentales et cinéma documentaire
Ses débuts de photographe, Lotar les effectue aux côtés de la photographe allemande Germaine Krull dont il est alors l’assistant. Également compagne du cinéaste et documentariste Joris Ivens, Krull a marqué les avant-gardes européennes avec ses photographies expérimentales ainsi que son activisme politique et esthétique. Dans ce contexte effervescent, Lotar multiplie les coopérations avec des cinéastes comme Jean Painlevé, Luis Buñuel, Alberto Cavalcanti, Joris Ivens… Ainsi qu’avec des écrivains et personnes de théâtre comme Georges Bataille, les frères Prévert ou Antonin Artaud. Mais ce n’est qu’à la faveur de plusieurs dons au Musée National d’Art Moderne (par Anne-Marie et Jean-Pierre Marchand) que l’œuvre d’Eli Lotar commence à prendre, aujourd’hui, des contours plus nets. Notamment suite à un don conséquent, en 2009.
Le fonds Eli Lotar : une œuvre en cours de redécouverte (Centre Pompidou, Jeu de Paume…)
Dans son documentaire Aubervilliers (1945), Eli Lotar filme les conditions de vie des ouvriers du bidonville d’Aubervilliers. La série des Abattoirs et Aubervilliers ont ainsi en commun une approche documentaire des conditions de production ouvrière au XXe siècle à Paris. Le fait d’avoir photographié Alberto Giacometti dans son atelier et d’avoir posé pour le sculpteur (dans les années 1960), représente encore un autre versant de son œuvre. Mais le fonds Eli Lotar du Centre Pompidou compte également un grand nombre de négatifs de photos de voyages effectués avec sa compagne photographe Elisabeth Makovska (dans le Midi, en Grèce…). Auxquels s’ajoutent compositions graphiques, portraits, scènes de la vie parisienne… Après une première rétrospective en 1993, le Centre Pompidou s’associe au Jeu de Paume pour une nouvelle rétrospective élargie (2017). Avec des œuvres provenant du fonds Eli Lotar, mais aussi des collections d’autres institutions internationales.