Christian BOLTANSKI — né le 6 septembre 1944 à Paris (France). Vit et travaille à Malakoff (France).
Christian Boltanski est un acteur majeur de l’art contemporain français. D’envergure internationale, son Å“uvre est affiliée au courant des Mythologies Personnelles. Proche du travail d’Annette Messager (dont il partage la vie depuis plusieurs décennies), Boltanski cultive, depuis la fin des années 1960, la narration personnelle et la mise en scène du « Je ». Qu’il s’agisse de fictions ou de réalités (si tant est), les installations mémorielles de Boltanski forment des sortes de palais de la mémoire. Conjuguées à la première personne du singulier pour mieux toucher la mémoire collective, les Å“uvres de Boltanski répertorient, tout en conférant de la singularité au répertorié. Sculptures, photographies, assemblages, vidéos, films, collectes sonores… La création protéiforme de Boltanski embrasse l’espace et les possibles.
Christian Boltanski : installation mémorielle, document et monument
Avec « Personnes », Boltanski s’était emparé de l’immense espace du Grand Palais en 2010, pour la 3e Monumenta. Il y avait créé des sortes d’espaces individuels. Chacun des espaces consistait en un carré, au sol, jonché de vêtements. Aux quatre coins de chaque espace carré, des piliers permettaient de suspendre, au croisement des diagonales, un néon. L’éclairage surplombant achevait ainsi d’écraser tout relief. Trois rangées, composées chacune de plusieurs dizaines de ces carrés, s’étiraient dans l’enceinte du Grand Palais. Bien que clairement divisé, l’espace n’en demeurait pas moins ouvert, évidé d’un bout à l’autre. En bordure de ces rangées : un immense tas de vêtements. Et en amont : un gigantesque mur de boîtes oxydées par la rouille, interdisant tout accès visuel direct. Tissage d’évocations, « Personnes » convoquait aussi bien les camps de concentration nazis, Dogville (von Trier, 2003), que les box individuels des actuels camps de migrants.
Mythologies personnelles, archives et récits du « Je »
Les mémoires individuelles de Christian Boltanski peuvent avoir ceci de mythologiques qu’elles finissent par se détacher de tout repère spatio-temporel pour embrasser l’universalité d’une permanence, potentiellement inquiétante. Avec les Archives du CÅ“ur (2005-en cours), conservées sur l’île de Teshima, Boltanski collecte des enregistrements sonores de battements de cÅ“ur de personnes du monde entier. Le projet, infini, s’inscrit dans la continuité d’Å“uvres comme Autels Chases (1988) ou Archives des Suisses morts (1990). Les repères d’identité s’effaçant toujours plus, pour laisser la place aux formes vacillantes d’une dépersonnalisation absolue. Mais cependant comme impossible. Et c’est sur cette lisière d’une multiplicité, d’une synthèse du divers précédant tout « Je », que les Å“uvres de Boltanski interpellent. Exposé dans le monde entier, Christian Boltanski a déjà participé à deux Documenta (1972 et 1977) ainsi qu’à six Biennales de Venise (1975, 1980, 1993, 1995, 2011, 2015).