Charlotte PERRIAND — née le 24 octobre 1903 à Paris (France) ; décédée le 27 octobre 1999 à Paris.
Charlotte Perriand est une architecte et designer française. Membre de la Société des Artistes Décorateurs (S.A.D.) en 1927, elle s’en sépare en 1929 pour cofonder l’Union des Artistes Modernes (U.A.M). Soit un groupe de recherche et développement tourné vers la redéfinition sociétale, sociale et socialiste du design et de l’architecture. Dans un contexte de tournant moderniste et d’expansion urbaine, dans un entre-deux guerres marqué par les mouvements de population. Au fil de sa pratique, Charlotte Perriand a ainsi développé une approche du design, du mobilier et de l’architecture soucieuse de conjuguer les impératifs de la modernité et des grands ensembles, avec le bien-être individuel et la valorisation de l’organique. Via l’emploi, à contre-courant, du bois et de la paille, par exemple. Actuellement, les pièces de Charlotte Perriand sont notamment représentées par la Galerie Patrick Seguin (Paris, Londres) et la Galerie Downtown (Paris). Depuis 2004, Cassina réédite régulièrement certaines pièces de son mobilier.
Charlotte Perriand : la modernité, le Bar sous le toit et l’association avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret
Charlotte Perriand a étudié le design et l’architecture à l’École de l’Union Centrale des Arts Décoratifs (1921-1925). En 1927, elle s’aménage un atelier, place Saint-Sulpice, à Paris. Elle y développe son Bar sous le toit, qu’elle expose ensuite au Salon d’Automne (1927). Tubes, tôle, chrome et cuir… Son mobilier de bar, moderne, fonctionnel et éclatant (tabourets de bar, luminaire, tables basses, banquettes…), rencontre le succès. Elle devient l’associée du Corbusier et Pierre Jeanneret, en mobilier et aménagement intérieur. De cette association naît notamment, en 1929, la chaise longue LC4. Dans le même temps, Charlotte Perriand se forme à l’architecture. Tout en cultivant ses liens avec les émergences allemandes (Bauhaus notamment), au fil de voyages en Allemagne et Union Soviétique. Charlotte Perriand crée des pièces conçues pour un habitat collectif, fonctionnel, urbain. L’association avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret perdure jusqu’en 1937, puis de façon ponctuelle, sur certains projets.
Design, mobilier et architecture : des matériaux organiques aux stations de sports d’hiver des Arcs
En 1939, elle devient architecte aux Ateliers Jean Prouvé. En 1940-1941, à la suite de Bruno Taut (en 1933), elle effectue une mission au Japon, axée sur l’orientation de l’industrialisation nippone. De ces différentes expériences, elle conserve, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une prédilection pour des matériaux comme le bois, le bambou, la paille. Proposant ainsi une synthèse entre production mécanique en série et matériaux organiques. En 1956 s’ouvre la Galerie Steph Simon, dont Charlotte Perriand et Jean Prouvé assurent conjointement la direction artistique. Au fil des années 1960, elle multiplie les voyages en Amérique Latine, se liant notamment avec Oscar Niemeyer. De 1967 à 1988, elle Å“uvre, en qualité d’architecte, urbaniste, et designer, au vaste projet de stations de sports d’hiver Les Arcs (1600, 1800 et 2000, totalisant trente-mille lits). En près de soixante-dix ans d’exercice, Charlotte Perriand a ainsi accompagné la difficile dialectique entre modernité mécanique et contemporanéité organique.