Bruno SERRALONGUE — né en 1968 à Châtellerault (France). Vit et travaille à Paris (France).
Artiste-photographe contemporain, Bruno Serralongue refuse de s’enfermer dans une posture d’auteur et opte pour un positionnement d’opérateur. Répondant à des commandes (Corse-Matin, 1997), ou s’en passant à lui-même, c’est elles qui décident du contenu et de la forme des images, toutes réalisées avec le lourd dispositif de la chambre grand format. Politiquement impliqué, il explique par exemple comment la photographie de Park Jun-kyu, Hwang Yi-min et Yu Man-hyeong, est devenue l’élément central de sa série Corée (2001). En février 2001, les trois hommes, syndicalistes et ancien ouvrier Daewoo, s’étaient rendus à Paris pour réclamer l’extradition de Kim Woochong, ancien patron du groupe en faillite. En novembre 2001, se rendant à son tour à Séoul, les trois hommes avaient alors accepté de poser pour lui. Actuellement, le travail de Bruno Serralongue est représenté par la Galerie Albert Baronian (Bruxelles), la Galerie Francesca Pia (Zurich), la Galerie Air de Paris (Paris), notamment.
Bruno Serralongue : entre histoire de l’art et photojournalisme, le recul du photographe-artiste
Bruno Serralongue a d’abord étudié l’histoire de l’art (diplômé en 1990). Il intègre ensuite l’École Nationale de la Photographie d’Arles (diplômé en 1993), puis la Villa Arson de Nice (diplômé en 1995). Dès 1992, il participe à l’exposition collective « Europe without Framework » à la Galleri Image (Aarhus). S’ensuivent différentes expositions collectives, dont « Banal, trop banal » (1995), dans le cadre du Mai de la Photo de Reims. Parmi ses premières expositions personnelles se comptent notamment « Tomorrow will be better » (1997) à la Galerie Air de Paris (Paris). Et « On ne rencontre guère de gens ordinaires, par ici » (1997), à l’Espace images de la Médiathèque de Beauvais. Depuis lors, le travail de Bruno Serralongue a fait l’objet d’expositions monographiques au CPIF de Pontault-Combault (2006), au Jeu de Paume (2010), au San Francisco Art Institute (avec Allan Sekula, en 2011), au Mamco de Genève (2015)…
Mémoires de luttes et lieux de production d’information : la centre d’art comme espace d’attention, de réceptivité
Sur les franges de l’art, à la lisière du reportage social, Bruno Serralongue crée des séries photographiques dont les sujets embrassent le réel contemporain. Encuentro, Chiapas (1996) ; Destination Vegas (1996) ; Free Tibet (1998) ; Soft Dreams (Arco 99) (1999) ; Manifestation du collectif de sans papiers de la Maison des Ensembles, place du Châtelet, Paris (2001-) ; Earth Summit (2002) ; Groupes de travail (2004) ; SMSI, Tunis (2005) ; Luna Park, Bilbao (2005) ; Calais (2006-) ; Mexico City (2007) ; Rise Up, Resist, Return (New Delhi & Dharamsala) (2008) ; Kosovo (2009-) ; Carnival of Independence, South Sudan (2011) ; Florange (2011-2013) ; Notre-Dame-des-Landes (2014-)… À l’instar de ses photographies, les noms de ses séries évoquent des mémoires de luttes sociales. Dans la lignée du documentaire, l’Å“uvre de Bruno Serralongue engendre ainsi une distance critique par rapport aux processus de production et lieux de diffusion des informations.