Bernard BUFFET — né le 10 juillet 1928 à Paris (France) ; décédé le 4 octobre 1999 à Tourtour (France).
Bernard Buffet est un artiste moderne français. Sa peinture est figurative et expressive (sans pour autant se réduire aux courants de la Figuration ou de l’Expressionnisme). La peinture de Bernard Buffet travaille l’à -plat et la géométrisation de la représentation de l’organique. Elle met en scène des natures mortes, des corps anguleux et maigres, nus, des thèmes religieux chrétiens. Fortement marquée par la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est une peinture de la rareté et de l’appauvrissement. Dans l’ensemble, elle véhicule une forme d’austérité protestante, où le jugement de valeur semble émaner des sujets peints eux-mêmes.
Bernard Buffet : portraits, corps et maigreur organique
Si la peinture de Buffet reflète une certaine pauvreté (scarcity), pour autant elle a très tôt rencontré le succès. À 19 ans, Bernard Buffet vend sa première toile au Musée national d’art moderne de Paris (Nature morte au poulet, 1947). En 1948, Buffet signe un contrat d’exclusivité avec le marchand et galeriste Emmanuel David. En dépit de cette opulence, ses tableaux n’en scrutent pas moins le dépouillement et la maigreur anguleuse. De 1950 à 1958, Bernard Buffet vit une histoire d’amour fusionnelle avec Pierre Bergé. Ce dernier est connu pour avoir été le conjoint d’Yves Saint-Laurent, et surtout un grand mécène et collectionneur d’art contemporain. À cette époque, la peinture de Buffet prend de l’ampleur : les toiles s’étirent sur plusieurs mètres de large. Il épouse ensuite Annabel Schwob, en 1958. La peinture de Bernard Buffet semble alors s’éloigner progressivement de la hantise de l’Expressionnisme Allemand (l’« art dégénéré »).
La peinture figurative : de la géométrisation des corps aux schémas urbains
Si les corps osseux continuent de transpercer les toiles de Bernard Buffet, l’architecture et les monuments font leur entrée dans ses tableaux. Églises, châteaux de la Loire, paysages et urbanisme bretons, monuments parisiens et new-yorkais… À partir des années 1960, la peinture de Bernard Buffet semble vouloir se mettre à concilier les inconciliables. Dans l’Å“il du spectateur européen, sa peinture convoque Johannes Vermeer, Giorgio De Chirico et Piet Mondrian. Le contour (le dessin, la ligne) se fait alors presque violent, et le coloris vient remplir les cases de ces paysages urbains et architecturaux. L’immédiateté apparente de la peinture de Buffet se fait pure exagération des schémas de perception. Jusqu’à culminer dans le symbole de la mort : la figure du squelette. Après une série de peintures en écho aux danses macabres médiévales, et après avoir ainsi bouclé la boucle de la mémoire picturale, Buffet met fin à ses jours en 1999.