Tacita Dean
Craneway Event
En novembre 2008, Tacita Dean a filmé le chorégraphe Merce Cunningham (1919‐2009) et sa compagnie de danse répétant pour un événement dans une ancienne usine d’assemblage Ford à Richmond (Californie).
Malheureusement, ce film allait marquer l’ultime collaboration avec Cunningham. Ce film d’une longue durée est centré sur Cunningham, comment il travaille avec ses danseurs, pendant trois jours, sur trois scènes dans l’incroyable bâtiment des années 1930 construit par Albert Kahn.
Vitrée sur trois côtés et située dans un port en activité, l’usine donne sur la baie de San Francisco. Le continuel changement de lumière, le passage des pélicans et le trafic maritime, tout contribue à la chorégraphie et au film, des interventions aléatoires, en quelque sorte, bienvenues pour Cunningham et Dean.
Merce Cunningham construit souvent ces «événements» dans des espaces non consacrés à la danse, réutilisant des moments ou des parties de sa chorégraphie, comme il le fit à Londres, au Turbine Hall à la Tate Modern en 2003. Affirmant sa méthode de travail développée au cours d’une longue collaboration avec John Cage, pour ce type d’événement, la musique a été conçue en parallèle avec la danse et les danseurs l’ont découverte au cours de la représentation elle‐même. En conséquence, les danseurs comptent les temps eux‐mêmes.
Lorsque Dean fut invitée à travailler une fois de plus avec Merce Cunningham, elle choisit de filmer la répétition qui, explique-t‐elle, lui permettait de voir Merce Cunningham de plus près mais aussi d’observer la construction de la danse sans musique. Craneway Event est un film sur Merce travaillant avec ses danseurs pendant trois après‐midi dans un site, comme ils ont pu le faire au cours d’innombrables occasions auparavant, mais c’est aussi un document sur une pratique reconnue et sur un homme légendaire au travail, et à présent, un moment perdu dans le temps.
«Quand Merce décéda le 26 juillet, je venais de commencer le montage de Craneway Event. Cela m’a immédiatement laissé une impression d’absence, que j’ai ressentie au début en regardant des enregistrements de Merce en train de danser quand il était jeune ou bavardant lors d’interviews.
Quand je suis revenue au film, j’ai pris conscience que j’avais été dans cette position unique d’encore pouvoir travailler avec lui et créer quelque chose de nouveau, non seulement sur lui, mais aussi avec lui. Bien que j’ai perdu le plaisir de l’imaginer en train de regarder le film, j’ai gagné une autre sorte de Muse. La joie de Merce dans le processus était constante et son enthousiasme semblait avoir une force d’une grande portée. J’ai commencé à sentir que Merce avait mis en place les composants qui font le film — le bâtiment, les danseurs, la lumière, les bateaux et les oiseaux, car il savait qu’ils n’allaient pas lui faire défaut en son absence.»
Trois séances quotidiennes du mardi au samedi: 12h, 14h30, 17h.
critique
Craneway Event