François Verret
Courts-circuits
Il faut imaginer une communauté d’hommes et de femmes qui se retrouverait dans quelque abri post-traumatique après avoir été soudain expulsée de la frénésie d’un monde convulsif, ou pour le dire autrement «sortis du temps», devenus «obsolètes, inopérants, incapables de s’adapter aux vitesses et fluidité de circulation requises». Dans la brève évocation de ces «hors-circuit», outre que cette fiction n’est plus très éloignée d’un réel qui s’éprouve chaque jour davantage, on retrouvera l’obsession récurrente de François Verret, depuis plus de trente ans, à traquer dans les rebuts du progrès les corps tenus en marge, et à en moduler leurs éclats sombres.
Pour Courts-Circuits, créé au Festival d’Avignon 2011, le chorégraphe s’entoure d’artistes de premier plan, où danseurs, circassien, pianiste, percussionniste, scénographes et cinéaste d’animation assemblent de concert le puzzle d’un monde désaccordé où la cartographie du chaos est au diapason d’une espèce humaine malade des monstruosités qu’elle a laissé engendrer.