Courbet contemporain

Sylvie Auvray, Stephan Balkenhol, Olivier Blanckart, Balthasar Burkhard, Nina Childress, Gérard Collin-Thiébaut, Erró, André Fougeron, Jacques Fournel, Filip Francis, Gérard Fromanger, Francis Harburger, Alain Jacquet, Yan Pei-Ming, Éric Poitevin, Loïc Raguénès, Gérard Schlosser
Courbet contemporain

Par ses sujets, ses compositions et sa technique, Gustave Courbet a révolutionné la peinture de son temps, révolution dont on perçoit encore l’écho dans l’art d’aujourd’hui. Déjà Pablo Picasso et Marcel Duchamp lui avaient rendu hommage dans certaines de leurs oeuvres, et aujourd’hui des artistes s’en inspirent toujours ou en revendiquent la filiation à travers leurs peintures, photographies, sculptures et installations.

Un critique d’art, ami de Courbet, Jules Antoine Castagnary a écrit que l’artiste voulait rendre les gens du peuple «avec la gravité, la force et le caractère qu’on réservait d’habitude pour les dieux, les héros et les rois». Avec ses grands tableaux manifestes, Une après-dînée à Ornans, L’Enterrement à Ornans et L’Atelier du peintre, Courbet élève les scènes de genre au rang de la peinture d’histoire et fait entrer la vie réelle dans la peinture.

Peintures réalistes et sociales, elles reflètent dans l’art, la pensée des philosophes franc-comtois, Fourier et Proudhon. Il prit part activement à la vie sociale de son temps en proposant sous le Second Empire la première exposition monographique organisée par un artiste.

En 1855, Courbet à qui le jury du Salon de la peinture a refusé plusieurs toiles dont L’Enterrement à Ornans, décide d’exposer une quarantaine de ses oeuvres dans une exposition signalée d’un écriteau portant en toutes lettres: «Du réalisme G. Courbet» qui se tient dans un édifice élevé à ses frais au 7 rue Montaigne (construction érigée par son ami architecte bisontin Léon Isabey).

C’est peut-être également pour cette attitude que les artistes contemporains se réclament de Courbet, car ils ont vu en lui un homme engagé, proche des mutations sociales de son époque, tentant de préserver sa propre liberté artistique tout en fréquentant un milieu bourgeois et politique parisien.

Les sujets de sa peinture semblent suivre cette tendance libertaire, affranchie des archétypes de la peinture ancienne, c’est-à-dire du modèle idéal qui perdurait dans les différents genres picturaux. Il n’aura de cesse de faire une relecture des genres traditionnels, non seulement la peinture d’histoire, mais le nu, le paysage et la nature morte, en supprimant tout anecdotisme et en y apportant une force picturale nouvelle.

Lorsqu’il peint un paysage, il tend à accéder à la réalité d’un site, tout en développant un rapport au réel qui lui est propre, recréant de l’intérieur une compréhension subjective du monde. Son attachement à sa région natale sera comme un ressourcement nécessaire dans sa vie parisienne. Ses paysages nous immergent dans une nature prépondérante, sans artifices, privilégiant la solitude du marcheur et du chasseur, à la rencontre avec ses semblables.

Cette impression de puissance est renforcée par la densité des fonds noirs, animée par des éclats de lumière posée au couteau sur lesquels se détachent les éléments de la nature. Cette matérialité sensuelle dans le traitement du paysage sera également source d’inspiration pour de nombreux artistes après lui.

Sa liberté pour peindre la nudité des femmes est également complètement nouvelle, le prosaïsme et la sensualité qui se dégagent des toiles comme Les Baigneuses ou L’Origine du monde restent encore bouleversantes.

Courbet contemporain est une exposition pour deux lieux, le musée des Beaux-Arts de Dole et le musée de l’Abbaye de Saint-Claude. Elle est présentée selon les principales thématiques de Courbet, l’autoportrait, la nature et la nature morte, le nu, le portrait, et la réalité, avec des oeuvres qui se complètent et enrichissent le propos, mettant en évidence une continuité entre la modernité de l’oeuvre de Courbet, et l’art contemporain.

Pour la réouverture du musée Courbet à Ornans l’été 2011, n’était-ce pas là une belle occasion de réaffirmer la vitalité et l’inventivité des artistes contemporains qui ne se sont pas départis de la même indépendance d’esprit et du même goût pour la liberté que le maître d’Ornans? (Anne Dary, Valérie Pugin)

Parallèlement au Musée des beaux-arts de Dole, cette exposition aura lieu du 8 juillet au 2 octobre 2011 au Musée de l’Abbaye, Saint-Claude
(3, place de l’Abbaye. 39200 Saint-Claude). Artistes présentés: Jean-Michel Alberola, Jean-Sylvain Bieth, Louise Bossut, Philippe Cognée
Gérard Collin-Thiébaut, Gérald Mainier, Paul Rebeyrolle, Joël-Peter Witkin.