ART | CRITIQUE

Cosmic Pillow

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Une exposition en deux volets : d’une part, une crypte profane faite de blocs jaillissant des murs, tels les restes d’une fresque disparue; d’autre part, un coussin géant gonflé d’air dans lequel on pénètre, comme dans une caverne.

La peinture de James Hyde a d’abord été abstraite. Puis, mue par le désir de reprendre possession du monde, elle s’est déterritorialisée, s’échappant du cadre du tableau pour investir de nouveaux supports. Les conditions de sa perception s’en trouvent bousculées.

Métamorphosant la petite galerie du sous-sol en une crypte profane, des blocs grossièrement taillés jaillissent des murs, tels les restes d’une fresque disparue. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : ici, pas de nostalgie, ni de retour à un quelconque ordre antique, mais, plutôt une tentative de déstabilisation du regard.
Les matériaux, peu nobles, sont à découvert, parfaitement identifiables, hybrides et impurs. Du ciment gris s’agglutine à la blancheur immaculée du polystyrène, et en leste la légèreté intrinsèque. La couleur, grossièrement badigeonnée sur les surfaces planes, y fait figure de matière de recouvrement, qui invite le spectateur à combler les vides.

La grande salle, quant à elle, est occupée, remplie pour ainsi dire, d’un coussin géant gonflé d’air. Les deux pièces assemblées bord à bord, qui le composent, sont en plastique transparent, pour celle du dessous, et de lin opaque, pour celle du dessus. Un sas de bois bricolé permet de pénétrer à l’intérieur de l’œuvre.
Le spectateur se trouve à nouveau dans une sorte de caverne : une bulle, qui l’isole du monde, ici figuré par la salle d’exposition. Cette fois la peinture en occupe la voûte que forme la pièce de lin incurvée : des couleurs pastels, rehaussées de stries plus vives, s’y superposent, s’occultent et se dévoilent. Pour une métaphore, extravagante autant qu’ironique, de la contemplation que l’on croyait perdue, contemplation qui suppose à la fois l’absorption dans l’œuvre, et le regard du monde sur le sujet absorbé.

À noter la programmation (consultable sur le site du Crédac) de conférences, projections, performances, vidéos jusqu’au 15 décembre. www.credac-and-co.com

James Hyde
— 18 « Parts », 1993-2002. Fresque, polystyrène, ciment.
— Cosmic Pillow, 2002. Peinture, toile de lin, plastique, ventilateur. 9 x 12 x 4,80 m.

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