Corps et arts

Présentation
Marc Jimenez, Claude Amey, Bernard Andrieu, Valéry Arrault, Jenny Chan, Eliane Chiron, Michel Collot,…
Corps et arts

Le corps en son milieu (extrait) de Claude Amey

Pour poser la question du rapport de l’art et du corps on peut supposer un partage des corps en au moins trois espèces: le corps de l’oeuvre en tant qu’objet (sculpture, tableau, etc.), la représentation du corps par l’art et le corps de l’artiste.

ll y aura au cours de l’histoire de l’art des modalités d’apparition inégales de ces trois corps et de leur relation, selon l’appréhension que telle société a du corps, de sa représentation et de l’art.

En Grèce classique le corps de l’oeuvre (sculpture, théâtre…), en tant qu’elle est délimitée par ses bords, constitue une totalité intégrative autonome dans l’espace, et annonce ce que sera l’oeuvre d’art réalisée par la Renaissance.

Le corps de l’artiste, lui, n’est que fabriquant, c’est-à-dire moyen instrumental qui actualise dans une matière la forme qui est dans l’esprit de l’artiste (Aristote); tandis que le corps humain représenté apparaît dans sa «belle corporéité» idéale (Hegel).

Quant au degré d’apparition des trois, l’oeuvre en sa constitution délimitée, c’est-à-dire tenant dans le cadre du champ visuel fixe (le théâtre), n’est consistante qu’à révéler en toute intelligibilité la vraisemblance d’une scène des corps idéalement figurés par la mimesis.

Alors que l’artiste, comme corps artisan, est occulté voire dédaigné, en tout cas impropre au statut de citoyen, et l’acteur aristotélicien est même superflu.

Dans la continuité de la rationalité antique, la Renaissance parachève le processus de la représentation; le tableau intègre en son plan l’impératif du champ visuel fixe en même temps que la figure qui synthétise le monde. Moyennant quoi le corps humain, soustrait à la nature, représente l’essence de l’Homme, catégorie anatomique et perfection de l’ldée; corps nu il est le modèlede l’organicité de la nature, et vêtu il façonne l’esthétique idéale de l’ici-bas.
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