L’exposition « Coordonnées en projection III » au FRAC Occitanie Montpellier réunit trois sculptures de Jennifer Caubet, des œuvres à la fois conceptuelles et performatives qui redessinent l’espace d’exposition.
« Coordonnées en projection III » : un triptyque sculptural de Jennifer Caubet
Alors que le Fonds régional d’art contemporain Occitanie Montpellier vient d’acquérir la sculpture X.Y. de Jennifer Caubet, l’exposition permet de voir seulement pour la deuxième fois le triptyque qu’elle forme avec deux autres sculptures. Sous le titre Coordonnées en projection III est ainsi réactivé l’ensemble sculptural X.Y.Z. – O. – X.Y., réalisé par Jennifer Caubet en 2015.
Le triptyque sculptural de Jennifer Caubet relève d’une approche à la fois conceptuelle et performative, mentale et physique, et conjugue la vision subjective de l’artiste et l’objectivité du réel. Les trois pièces sont conçues comme des outils de construction active de l’espace. La réalisation de chacune d’elles suit une sorte de partition préalablement dessinée par l’artiste : à partir du plan du lieu, ce dessin au graphite sur papier détermine par des traits et des codes les mouvements et les gestes qui seront nécessaires au déploiement des sculptures.
Avec « Coordonnées en projection III », Jennifer Caubet redessine l’espace d’exposition
Suite à cette première étape, trois sculptures matricielles en acier sont disposées à des positions précises, la sculpture X.Y.Z. étant suspendue verticalement au plafond, la sculpture X.Y., fixée horizontalement à un mur, et la sculpture O., posée au sol, et le dessin est concrétisé par des fils munis de flèches que Jennifer Caubet tire avec un arc à partir de chaque matrice. Chaque flèche est tirée dans une direction spécifique qui correspond à l’une des coordonnées du dessin. Ainsi la représentation en deux dimensions est-elle projetée dans l’espace tridimensionnel.
L’ensemble Coordonnées de projection III est particulièrement représentatif du questionnement des artistes contemporains sur l’espace. En mobilisant son propre corps et les forces concrètes de celui-ci pour faire passer une forme du plan à l’espace réel, Jennifer Caubet s’éloigne de l’opposition traditionnelle entre le corps et l’esprit, l’énergie physique et la conception mentale, l’action et le langage. Son triptyque sculptural met au contraire en évidence le caractère unifié des multiples compétences de son être et les exploite pour tisser un lien avec un lieu lui-même doté de caractéristiques propres. En traversant l’installation, chaque spectateur peut ainsi saisir comment il construit lui-même l’espace, à partir de « coordonnées en projection » subjectives et uniques.