Alain Bublex
Contributions, collaborations et bavardages, les résultats de l’enquête
«Je ne produis ni dessins, ni photographies, vidéos ou installations mais des projets. Les objets que je produis sont des conséquences.» (Alain Bublex)
Au cours de sa résidence à la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH) de l’université de Caen Basse-Normandie, Alain Bublex prolonge son projet artistique «Contribution» initié en 2011 et qui évolue tel un inventaire, à chaque fois numéroté.
L’exposition du FRAC Basse-Normandie présente, dans la première salle, «Contribution#3 Paris, aire métropolitaine» (2011), où le plan de la RATP et les lignes de RER servent le «protocole de prises de vues»: photographier systématiquement le paysage aux abords de chacune des 236 stations du réseau et produire ainsi un portrait photographique du Grand Paris qui ne soit généré ni par l’exemplarité ni par le pittoresque des quartiers inventoriés.
Alain Bublex en livre un panorama visuel régi par la sélection d’une seule image par station. «Il ne s’agissait pas d’enjoliver la réalité, mais de l’aborder avec bonne humeur, avec une attention curieuse plutôt qu’avec une observation de jugement.» (Journal des Arts, novembre 2011).
Dans la seconde salle, sous le titre «Contribution #1», c’est le processus engagé pendant la résidence qui est montré.
Cette proposition a été construite en écho au travail de Raymond Depardon, La France, avec ses «petites zones industrielles ou urbaines qui se ressemblent toutes et qui sont très peu photographiées » (Raymond Depardon et Claudine Nougaret, C’est pas tout ça mais on n’est pas d’ici).
Selon la même méthode que pour «Contribution #3», Alain Bublex ne choisit pas lui-même les lieux de prises de vues mais laisse Frédérique Loew, cartographe, les définir grâce à son approche scientifique du territoire.
Dans cet échange, quarante points équidistants en latitude et longitude déterminent alors les lieux d’intervention du photographe. Ainsi, un paysage rationnellement exploré se donne à voir.
La publication d’un ouvrage complètera la résidence et montrera ses dessins de cartes préparatoires ainsi que ses photographies. À partir de la structure des Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe-XIIe siècle, Presses Universitaires de Caen), dont il a ôté les textes, Alain Bublex présente le travail effectué lors de la résidence.
Livre universitaire sans texte, hormis la préface de Bastien Gallet, philosophe, travail de recherche en suspens et sans solution, cet ouvrage se présente comme une forme hybride entre livre d’artiste et travail universitaire.
Alain Bublex, né en 1961 à Lyon, y vivant et y travaillant, se plaît à égarer le spectateur dans des projets dont les éléments fictifs sont traités avec une rigueur scientifique indiscutable. Ancien designer chez Renault, il commence avec Milen Milenovitch, a élaboré un projet de ville, semblable à une mégalopole américaine.
Loin de s’imaginer une ville utopique ou idéale, ils offrent une version réaliste en la situant dans la baie de Passamaquody sur la côte est du Canada. À partir de cette donnée géographique réelle, ils retracent l’histoire de la ville depuis le XVIIème siècle en regroupant archives et documents chronologiques attestant de son existence plausible. Elle est baptisée Glooscap, d’un nom d’une divinité indienne. Et, Alain Bublex exploite cette ville en perpétuelle mutation dans le cadre d’expositions qui accentuent l’ambiguïté entre la réalité et la fiction.
Alain Bublex, parmi ses différents projets, crée à Paris des chantiers inutiles avec container Algéco intitulés Mobile d’habitation puis conçoit un programme informatique Plug-in-City simulant l’implantation de ces containers sur les immeubles au gré des besoins des habitants.