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Contrastes, Karel Malich. Aux croisées de l’art moderne et de l’art contemporain

Pastels colorés à base de traits et de taches pleines, et sculptures de fils de fer composent un ensemble d’œuvres où s’opposent espaces intérieur et extérieur. Une tension immatérielle rendue concrète par la dynamique du langage plastique de l’artiste tchèque Karel Malich.

— Éditeur : Somogy, Paris
— Année : 2002
— Format : 24 x 17 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 62
— Langue : français
— ISBN : 2-85056-601-2
— Prix : 17 €

Karel Malich, figure émérite
par Isabelle de Montfumat (extrait, p. 15)

La rencontre avec l’œuvre de cet artiste de légende s’effectua à Prague en 1994. Ce pays à la culture immense, ouvert depuis 1989 à un nouveau mode de vie et à de nouveaux échanges rendus possibles avec l’autre partie de l’Europe, vivait un événement important: on présentait pour la première fois l’œuvre complet de Karel Malich.

Cet événement, peut-être anodin pour nous, avait un tout autre sens pour ceux qui approchaient de près ou de loin la culture de ce pays. C’était le signe tangible du changement prôné par ceux qui voulaient la reconstruction : une nouvelle dimension de l’homme et de son cadre devenu liberté.

Je fus heureuse d’éprouver l’émotion qui se dégageait alors dans ce Prague qui reprenait vie peu à peu, et d’être saisie en même temps par l’intensité de cet œuvre contraint au silence pendant de longues années, faisant pourtant partie de l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle et qui, en dehors de toute attente, introduisait une nouvelle donne dans la sculpture contemporaine.

La rencontre avec l’homme, Karel Malich, plus tardive, prit la même proportion: celle d’un échange intuitif et de silence, où seul le vertige du travail s’exprimait avec simplicité et force. Au détour de nos échanges savoureux, j’appris que l’artiste lisait depuis sa jeunesse nos auteurs français, notamment Les Fleurs du mal de Baudelaire.

La personnalité et le travail de Karel Malich, indissociables, se développent aux croisées des chemins d’un pays marqué par les événements politiques. Né en 1924, il forge sa conviction dès les premières années à l’académie des Beaux-Arts de Prague, et provoquera au sein de la nouvelle génération de plasticiens une forte réaction, bien que le pays soit alors marqué par le putsch communiste.

Faisant de la contrainte du régime une force, vivant en dissidence, Karel Malich, précurseur de son temps, développe une approche inédite de la sculpture. Les étapes employées pour y parvenir se multiplieront: l’écriture, le dessin, les carnets de notes et de croquis — il en existe plus de deux cents — seront la source fondatrice du travail, sans oublier les pastels, « l’écrin mythologique » de l’artiste. L’expérience méditative féconde précède toujours la sculpture.

La sculpture s’élabore ainsi dans un « entre-deux-temps », presque comme une révélation: tout d’abord, par un processus méditatif très lent mais très important, sorte de tête-à-tête visionnaire et quotidien entre lui-même, l’homme, la nature et le monde du sensible, mais aussi par les expériences absolues et vécues, souvent exprimées sous forme de narration.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Somogy)

L’artiste
Karel Malich est né 1924 à Holice, Tchécoslovaquie. En 1995, il représente son pays à la Biennale de Venise.

Les auteurs
Isabelle de Montfumat est commissaire et déléguée générale de l’exposition « Contrastes, Karel Malich. Aux croisées de l’art moderne et de l’art contemporain », dans le cadre de la Saison tchèque en France, « Bohémia Magica », 2002.
Dr Ph Ivan Neumann est directeur du Musée des beaux-arts de Prague.
Dr Ph Jan Sekera est commissaire de l’exposition pour la partie tchèque.
Dr Ph Claudine Koncinska est responsable artistique pour la partie tchèque.

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