Continents à la dérive

Caetano Dias, Ângela Ferreira, Bouchra Khalili
Continents à la dérive

Quelle est l’influence des paysages que nous rencontrons dans la construction de notre personnalité et de notre regard ? Quelle est la nature de nos dérives ? Est ce que nos dérives sont à l’image de celles des continents: mouvements imperceptibles mais puissants provoquant des failles et des rencontres, des fusions mais aussi des disparitions de terres et de paysages ? Quel rôle joue notre environnement dans la détermination de nos affects ? L’art peut-il nous aider à cartographier nos paysages mentaux ?

Autant de questions qui parcourent les oeuvres présentées dans l’exposition «Continents à la dérive». A travers elles, nous nous intéresserons à la notion de paysage, à la définition d’un territoire mais aussi à sa dé-territorialisation car son appréhension n’est pas stable: une personne qui découvre un paysage ne le perçoit pas comme quelqu’un qui l’a toujours vu, a grandi et s’est construit avec. Les notions de déplacements, de nomadisme et de déracinement face au paysage déterminent ainsi les oeuvres des trois artistes présentés ici: Caetano Dias, Ângela Ferreira et Bouchra Khalili.

A l’écoute des récits de leurs voyages, de leur vie dans ces milieux, ces «entre mondes», le spectateur conçoit des paysages mentaux qui entrent en résonance avec ceux livrés par ces artistes. C’est la confrontation de deux paysages celui que porte la personne en elle et celui qu’elle rencontre.

Ces artistes tous trois originaires de pays d’influence méditerranéenne ou de pays de l’hémisphère sud comme le Brésil (qui eux mêmes ont des origines plurielles) portent un regard à la fois critique et sensible sur ces territoires, sur leur histoire et les problèmes auxquels ils doivent faire face aujourd’hui en terme d’immigration, de chômage, de construction et de débordement des mégalopoles. Leur travail entre naturellement en résonance avec Sète, ville portuaire hyper méditerranéenne, en constante relation avec les pays du Maghreb.

Commissariat: Muriel Enjalran