Communiqué de presse
Vincent Beaurin, Delphine Coindet
Construire un feu
L’exposition Construire un feu, sur un mode ouvert, réunit pour la première fois deux artistes, Delphine Coindet et Vincent Beaurin, dont l’état d’esprit et le travail présentent de fortes convergences mais aussi de subtiles divergences. Delphine Coindet, invitée pour cette première exposition de la programmation 2005-2006, a sur le principe de la carte blanche, invité à son tour Vincent Beaurin. Son choix fonctionne avant tout et surtout sur des affinités électives d’ordre artistique et sensible. Le plus simplement du monde, Delphine Coindet aime le travail de Vincent Beaurin et, réciproquement, Vincent Beaurin aime le travail de Delphine Coindet.
«Construire un feu» est donc envisagé sur le mode d’une collaboration, un peu comme l’on pourrait préparer ensemble un repas, un moment de convivialité tout en veillant à la complémentarité des apports mutuels. L’absence de commande institutionnelle écarte toute notion de projet à réaliser en commun, pour laisser une plus large place à un échange, animé par l’unique désir de présenter et de confronter leurs travaux respectifs. C’est aussi pour les deux artistes l’occasion d’un temps d’arrêt qui s’inscrit dans le rythme de leur travail, de développement et de maturation de leur œuvre : une mise en perspective, en quelque sorte.
L’exposition en ce sens ne fonctionne sur aucun dispositif spectaculaire ni même scénique. Elle est toutefois l’occasion, avec la présentation de pièces inédites, de croiser naturellement leurs pratiques axées sur la réalisation d’œuvres aux formes dépouillées et ouvertes à de multiples récits.
Delphine Coindet travaille selon un processus bien établi. Elle dessine en images de synthèse, des volumes qu’elle fait ensuite réaliser par des artisans avec des matériaux industriels de décoration et d’imitation. Ses œuvres se situent parfois aux confins du monde des objets. Cependant, leur effet d’artificialité, leurs formes génériques, entre virtualité et réalité, questionnent les notions de simulacre, d’imitation et de représentation.
Vincent Beaurin, quant à lui, utilise principalement comme matériaux de prédilection du polystyrène et des paillettes. Ses œuvres inclassables et polymorphes, scintillantes et arrondies, ne sont porteuses d’aucun message. Elles laissent aux sens une articulation extrêmement large pour agir dans l’espace comme autant de signaux.
Delphine Coindet et Vincent Beaurin réfutent l’un comme l’autre toute dimension pratique à l’art. Leurs Å“uvres, simples et complexes à la fois, sont autant de questions sur les moyens et la finalité d’un langage plastique et artistique. Donner forme, pour eux, c’est en quelque sorte aujourd’hui, loin de «toute agitation et de tout énervement», donner vie à un objet dont l’unique ambition est de produire un émerveillement, une rencontre sensible et poétique; une manière peut-être, d’être à l’art et au monde avec leurs propres ressources…