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Constellations photographiques

La constellation est une métaphore de la photographie, dans une pensée de la multiplicité et du rapprochement des hétérogènes. Cet essai analyse les pratiques de mises en espace photographiques sous forme de constellations. Au-delà d’une analyse formelle, il s’agit de montrer que cette forme est en adéquation avec un regard qui interroge l’existence et le monde.

Information

Présentation
Anne Immelé
Constellations photographiques

Les constellations d’étoiles n’existent que par le regard de celui qui a choisi puis connecté des étoiles entre elles afin de créer une configuration. De même, le photographe qui constelle va pointer des fragments de visible qu’il va agencer et configurer. La constellation, c’est une métaphore de la photographie, dans une pensée de la multiplicité et du rapprochement des hétérogènes.

Cet essai analyse les pratiques de mises en espace photographiques sous forme de constellations, à partir d’un corpus d’œuvres de Wolfgang Tillmans, Raymonde April, Peter Puklus, Antoine d’Agata, Adam Broomberg & Olivier Chanarin, David Favrod, Marine Lanier, Vincent Delbrouck, Sylvain Couzinet-Jacques, Aleix Plademunt, Anouk Kruithof, Archive of Modern Conflict, Vera Schöpe, Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse, Ed Templeton, Anna Meschiari, Tacita Dean, Isabelle Le Minh, Carly Steinbrunn, Christophe Bourguedieu, Sophie Ristelhueber, Michael Schmidt et Christian Milovanoff.

«La constellation de photographies est une forme d’organisation plus souple, plus libre et plus éclatée que la séquence linéaire ou que d’autres agencements comme le mur d’images. La constellation n’est pas soumise à une progression ou à une narration, elle n’implique pas d’unité, ni dans le format des photographies ni dans leurs thématiques. Au mur c’est une combinaison de photographies issues de corpus hétérogènes, dans laquelle c’est la relation elle-même qui devient l’enjeu. L’exposition sous formes de constellation est un processus actif, c’est en train de se faire. La fixité de chaque photographie s’anime, elle est mise en mouvement grâce aux relations, aux connexions des photographies entre elles.

Cette forme est en adéquation avec le sujet des photographies. La constellation est privilégiée par des photographes intranquilles, en crise comme Wolfgang Tillmans attentif à la question de l’identité irrésolue et de l’instabilité sociale et économique de nos sociétés occidentales, David Favrod (Gajin 2009) qui mène une quête identitaire entre deux cultures, Vincent Delbrouck (Beyond History 1998-2006) qui questionne le rapport à soi et à l’autre, ou Marine Lanier (La vie dangereuse 2009-2013) qui porte un regard sur les mythologies de la guerre et leurs résurgences contemporaines.

Ces constellations photographiques relèvent en partie de l’intuition — ce qui transmet une énergie issue de la spontanéité et du tâtonnement d’une création à l’œuvre —, mais ce sont également des constructions, même si celles-ci se veulent volontairement précaires et temporaires; en témoignent la présentation de tirages sur papier, non encadrés. La fragilité du papier a remplacé les imposants tableaux photographiques, l’épreuve a remplacé l’objet.»

Sommaire
— Consteller
— Processus de constitution d’ensembles photographiques
— Penser/Classer
— Variations autour de la constellation
— Spécificité des constellations
— Une pensée en devenir
— Dissémination
— Légendes

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