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Connectingthings II

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Deux ans après une première exposition personnelle chez Suzanne Tarasiève toute en couleurs et psychédélisme, l’artiste belge Jean-Luc Moerman revient dans la galerie du XIIIe arrondissement pour présenter ses œuvres récentes en noir et blanc, toujours plus en expansion dans l’espace, à la lisière entre deux monde.

Selon Jean-Luc Moerman, il n’y a pas de différence entre peindre dans une galerie ou dans la rue, ce qui, pour le moins, l’éloigne du monde parfois trop balisé de l’art contemporain. Son atelier devenu trop petit, l’artiste a commencé à peindre dans la rue. Fan de graffiti, de culture japonaise et de tatouage, «acte ancestral par lequel les sociétés traditionnelles désignent, marquent, impriment à jamais les appartenances et les histoires singulières des humains», c’est tout naturellement qu’il a songé à dessiner sur les corps.
Faisant aisément référence à l’art préhistorique, Jean-Luc Moerman conçoit la peinture à la manière des artistes rupestres : se défendant paradoxalement de toute mystique, il estime que peindre peut permettre de rentrer en communication avec un monde autre, car, dit-il, «la création se situe à la frontière entre le fait que je construis quelque chose, et le fait que quelque chose, un être, vient me prendre, vient me forcer à le réaliser». Tel l’artiste des cavernes, Jean-Luc Moerman s’adapte au lieu qui l’accueille. Ses formes mutantes et hybrides semblent se mouvoir d’elles-mêmes, bannissant toute notion d’échelle, d’intérieur ou d’extérieur.
Revendiquant l’héritage de l’art populaire, le peintre assume une peur du vide caractéristique des formes d’art traditionnelles. Il qualifie lui-même son travail de «prolifique, dans le temps et dans l’espace».

Après une première exposition éponyme à la galerie Rodolphe Janssen, à Bruxelles, Jean-Luc Moerman présente chez Suzanne Tarasiève une série d’encres sur papier, intitulée Tatoo, où il revisite des figures iconiques contemporaines, de James Dean à Johnny Depp, auxquelles il applique cet obsessionnel système d’entrelacs évoquant les complexes tatouages maoris. Non content d’exploiter jusqu’à l’extrême les deux dimensions, l’artiste s’attaque aujourd’hui à la troisième dimension, dans le but utopique de concevoir des espaces indépendants mêlant, à la manière du Jardin d’hiver de Jean Dubuffet, intérieur et extérieur, et sensés être habitables.
Aussi réalise-t-il des peintures à l’acrylique sur aluminium, bas-reliefs hybrides figurant selon l’artiste les «impacts presque cliniques des explosions et des désordres de notre monde, dans lequel tous les chocs sont comme nettoyés, désamorcés». A l’intersection des deux mondes, celui de la réalité visible, et celui de l’«autre réalité» qui suit sa propre organisation, se situent les Miroirs, là où la présence de l’artiste se révèle indispensable à la transmission des formes de l’un à l’autre «monde». Ses deux sculptures, un Jesus totémique et un Triceratops mécaniste, apparaissent comme deux formes opposées d’explication des origines et comme les deux versants d’une même réalité.

Jean-Luc Moerman
— Sans titre, 2007. Acrylique sur aluminium laqué. 180 x 180 x 10 cm.
— Jesus_Christe, 2007. Polyester, encre. 160 x 50 x 300 cm.
— Zoloat, 2007. Vue de l’exposition « Tomorrow now – when design meets science-fiction », 2007, MUDAM, Luxembourg. Polyester, peinture carrosserie. 340 x 270 x 80 cm.
— Sans titre, 2007. Miroir plexiglas (rouge). 76 x 46 cm
— Sans titre, 2007. Acrylique sur Aluminium Laqué, 180 x 180 x 10 cm.

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